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guerre. Maintenant, il faut faire la paix, et ce n’est pas moins difficile : l’illustre président du Conseil l’a proclamé à la tribune du Palais Bourbon.

Le premier devoir est de restaurer nos finances, qui ont été mises à une rude épreuve. Alors que toutes les dépenses proposées par le gouvernement étaient votées sans discussion, par une étrange contradiction, les Chambres, qui ouvraient des crédits pour ainsi dire illimités, refusèrent longtemps de créer des ressources, c’est-à-dire de voter des impôts nouveaux ou de relever le taux des taxes existantes. Une majoration générale des droits, dont nous avions dressé ici même le plan dès le printemps de 1915 et que M. Ribot, alors ministre des Finances avait recommandée à la commission du budget, fut écartée par celle-ci. On attendit trois ans avant d’adopter un programme timide de réformes fiscales, qui marque un pas dans la bonne voie, mais ne saurait être considéré que comme une préface à l’œuvre nécessaire de demain.

Quoi qu’il en soit, l’heure n’est pas aux récriminations. Des arguments ont pu être mis en avant pour justifier la passivité avec laquelle les problèmes financiers ont été traités ou plutôt écartés au cours de la lutte. Mais aucune des raisons qui pouvaient être invoquées au cours des années héroïques pour ne pas limiter les dépenses et pour emprunter à jet continu, n’est plus valable. Le Parlement a le devoir impérieux de passer au crible toutes les demandes de crédit qui lui sont soumises par le pouvoir exécutif ; après en avoir établi le montant, il s’occupera des recettes, révisera notre système censitaire et recherchera les moyens de mettre notre budget en équilibre. Il serait inadmissible qu’une nation victorieuse, qui va recevoir de l’ennemi vaincu la juste réparation des dommages subis, continuât à vivre d’emprunts. Les ministres, les députés et les sénateurs, se conformeront à un programme dont personne, pensons-nous, ne contestera la légitimité ni l’opportunité.

Chacun sent que le premier article du nouveau tableau de travail doit être la restriction des dépenses. Il faut fermer les voies par lesquelles s’infiltre d’une façon terrible le poison du gaspillage : contre l’étatisme, qui a envahi le domaine industriel et commercial, il faut réagir sans perdre un instant. Au cours de la guerre, non seulement le Parlement n’a refusé aucun crédit au gouvernement, mais il l’a laissé libre de tout