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ont augmenté le chiffre de ces avances, en même temps que celui de la circulation était parallèlement élevé. Avec des alternatives diverses, à une allure tantôt accélérée, tantôt ralentie, après certains reculs dus aux remboursements opérés par le Trésor à la Banque lors des émissions de rentes consolidées, ce chapitre n’a cessé de s’enfler.

Les billets ont servi à faire des prêts au Trésor français ou à des alliés pour compte de la France. Aux derniers jours de 1918, les avances directes de la Banque à l’Etat ont augmenté de 750 millions, passant de 16 400 à 17 150 millions de francs. Si l’on ajoute à ce dernier chiffre celui de 3 520 millions qui représente les bons du Trésor français escomptés pour avances de l’État à des gouvernements étrangers, on voit que c’est plus de 20 milliards que la Banque de France a prêtés au budget.

Or, il ne faut plus que cette dette augmente. Il convient au contraire d’en envisager l’extinction. Certes, nous ne demandons pas l’impossible ; nous ne réclamons pas le remboursement immédiat de cette somme. Mais nous voudrions que le ministre des Finances s’interdit dès maintenant d’avoir recours à cette façon trop commode de couvrir les dépenses, qui consiste à faire imprimer des billets. Avant la guerre, nous nous contentions d’une circulation de 6 milliards, qui était déjà proportionnellement beaucoup plus considérable que celle de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de l’Italie. Aujourd’hui, le portefeuille commercial de la Banque de France, dont la moitié est moratoriée, s’élève à 2 milliards, ses avances sur titres à 1 milliard. Voilà toute l’activité commerciale d’un établissement, dont le bilan se totalise par 34 milliards, et qui est ainsi presque exclusivement au service du Trésor.

De pareils chiffres nous montrent quelle imprudence il y aurait à demander à la Banque d’entier encore sa circulation. Et cependant, il ne manque ni de publicistes ni d’hommes politiques toujours prêts à s’adresser à elle pour la faire intervenir chaque fois qu’ils ne savent comment créer des ressources. N’a-t-on pas proposé de lui confier un nouveau service, en la chargeant de reporter les fonds publics qui se négocieraient à la Bourse ! Elle créerait quelques milliards de billets supplémentaires qui grossiraient la circulation et seraient ainsi gagés par des rentes françaises. Il ne faut pas s’imaginer que ce grand institut, dont la mission essentielle est de fournir du crédit au