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commerce légitime, de surveiller l’état monétaire, de régulariser le marché des changes, puisse impunément multiplier des signes fiduciaires dont la base serait constituée par des éléments de plus en plus difficiles à réaliser.

Pénétrons-nous de cette vérité que le papier n’est rien par lui-même ; que, seuls, les biens effectifs, immobiliers et mobiliers, terres cultivées, forêts, marchandises, usines, stocks de denrées et par-dessus tout le capital humain, plus précieux à lui seul que tous les autres réunis, constituent une richesse. C’est à la production de cette richesse que doivent tendre nos efforts. Extirpons de la cervelle des ignorants le sophisme qui leur fait croire qu’imprimer un billet, c’est ajouter quelque chose au patrimoine national. Bien au contraire. Lorsqu’on laisse dans la circulation du papier qui n’a pas de fondement, qui ne représente pas une encaisse métallique ou des promesses de payer encaissables à brève échéance, on diminue la fortune publique, parce qu’on provoque un relèvement artificiel des prix. L’exagération des billets est la principale cause de la vie chère.

Méditons à cet égard les paroles que M. Klotz prononçait à la tribune du Sénat le 19 décembre 1918 : « Avant tout, il importe de sauvegarder, à l’intérieur comme à l’extérieur, le crédit du billet français, de le maintenir au-dessus de toute atteinte, en donnant aux créanciers de la Banque l’assurance que le billet pourra, le plus rapidement possible, être remboursé en espèces. » Il ajoutait : « Sans fixer un terme précis pour le remboursement de la dette de l’État, le Gouvernement a, dès le début de la guerre, donné à la Banque l’assurance que ce remboursement serait fait dans le plus court délai possible. » Le ministre a montré combien il est pénétré de cette nécessité en affectant au compte de remboursement du Trésor la contribution due par la Banque sur les bénéfices résultant de ses opérations exceptionnelles. C’est pourquoi nous voyons figurer, au passif du bilan du 26 décembre dernier, un chapitre nouveau de 436 millions, intitulé compte d’amortissement.

C’est d’un bon augure pour la suite des opérations de cet ordre.

M. Ribot, parlant au Sénat le 17 décembre 1918, défendait les mêmes idées : la Banque de France, disait-il, n’est ni une banque agricole ni une banque d’exportation. Il la qualifiait