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Trésor anglais, à la même époque, avait émis 8 milliards de billets ; le gouvernement italien avait émis directement 2 milliards et s’était fait avancer 4 milliards par les banques d’Italie, de Naples et de Sicile. Enfin, les » banques fédérales américaines avaient escompté pour 7 milliards de francs d’obligations fédérales. Telle était, pour chacun des quatre pays envisagés, la part directe de responsabilité de l’Etat dans l’augmentation de la circulation. En rapprochant le chiffre des billets de celui de la population, nous trouvons que. chez nous, il circule 730 francs de billets par tête d’habitant, en Grande-Bretagne 200 francs, en Italie 230 francs, aux États-Unis 220 francs.

Si, dans le tableau ci-dessus, nous retranchons les billets émis pour les besoins des gouvernements, nous voyons que, vers la fin de 1918, la circulation correspondant aux échanges normaux était de 9 milliards de francs pour la France ; 2 milliards de francs pour la Grande-Bretagne ; 15 milliards de francs pour les États-Unis ; 4 milliards de francs pour l’Italie. Ces chiffres démontrent une fois de plus que toute l’inflation est due aux exigences du Trésor et que la condition du retour à la vie normale est la rentrée du fleuve dans son lit, c’est-à-dire la réduction du volume de la circulation de papier. Cette réduction, sans se faire brutalement, doit commencer sans délai. Il est essentiel que les gouvernements prennent conscience de leur devoir à cet égard.


IV

Alors que chez nous éclosent des projets plus ou moins chimériques en ce qui concerne la monnaie, nos alliés anglais, selon leur habitude, nous donnent l’exemple d’une saine conception des réalités financières. Un comité de spécialistes, présidé par lord Cunlifîe, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, s’est prononcé pour le maintien presque intégral du système actuel, qui a donné, au cours de la guerre, de si merveilleuses preuves de son efficacité. Tout au plus recommande-t-il de permettre à la Banque d’Angleterre d’augmenter sa circulation normale, au delà de la limite légale, à des conditions qui assureraient la très prompte rentrée de ces billets émis dans des circonstances et pour des besoins exceptionnels. D’autre part, le Comité demande le retrait des billets d’une livre