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au plus vite les industries et les négoces d’État ; enfin assainir la monnaie, c’est-à-dire réduire la circulation fiduciaire. Ce dernier devoir est le plus pressant. Il exige un effort énergique : mais le ministre qui aura le courage de s’y dévouer ne tardera pas à trouver sa récompense dans une amélioration générale de la situation, qui aura son contre-coup dans tous les domaines. La diminution du chiffre des billets de banque sera l’affirmation d’une politique nouvelle, celle du retour aux sains principes financiers. Elle contribuera plus qu’aucune autre mesure, à l’abaissement des prix de toute chose et rendra par là à la communauté le plus grand des services.

Cet abaissement proviendra à la fois d’une recrudescence de la production que l’on s’efforce de provoquer sur tous les points du globe et d’un retour à la notion de la saine monnaie, qui s’est perdue dans plusieurs pays et qui pourrait s’obscurcir dans certains autres, si l’on n’y prenait garde. Le jour où l’équilibre sera rétabli entre les signes fiduciaires et les garanties qui doivent être à leur base, le pas décisif dans la bonne voie aura été fait. Le billet de la Banque de France, qui, avec les bons de la Défense nationale et les emprunts en rentes consolidées, a été l’arme financière de cette guerre, doit conserver toute sa valeur ; pour cela, il faut le ramener à sa fonction normale ; il faut qu’il cesse d’être un billet du Trésor pour redevenir l’instrument par excellence du crédit commercial. Au milieu de tant de devoirs qui s’imposent à nous en ce moment et qui sollicitent de tous côtés les énergies nationales, nous croyons que celui dont nous venons de tracer le programme est le premier qu’il convienne de remplir. La monnaie est à la base de toutes les transactions ; en nous occupant d’elle, nous améliorerons toute notre vie économique.


RAPHAËL-GEORGE LEVY.