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d’ailleurs que le meilleur moyen de conduire tous les États à se rallier à un seul calendrier serait que celui-ci lui nettement supérieur à ceux auxquels ils doivent renoncer, et c’est pourquoi l’examen des inconvénients intrinsèques des calendriers grégorien et julien est d’abord nécessaire.

Parmi ces inconvénients, l’un des plus sérieux est la variabilité de la date de Pâques et des fêtes mobiles. Pâques, suivant les années, peut tomber entre le 22 mars et le 25 avril, soit donc sur 35 jours différents. Cela résulte de la façon archaïque et compliquée dont Pâques est calculé d’après le comput ecclésiastique. Ce problème touche à des prérogatives ecclésiastiques, à des traditions religieuses infiniment respectables.

À un congrès qui s’est tenu à Liège, au sujet de la réforme du calendrier, quelques semaines avant la guerre, et dont le compte rendu n’a pas jusqu’ici été publié, un échange de vues a eu lieu à ce propos, et il résulte des déclarations faites alors par les personnalités les plus qualifiées, que ni dans les hautes sphères ecclésiastiques catholiques, ni dans les protestantes, on ne voit de raison irréductible qui empêche de changer Pâques en une fête à date fixe. Ainsi disparaîtraient les très graves et nombreux inconvénients que présente pour les affaires, pour les voyages et le tourisme, pour l’enseignement et l’agriculture, la mobilité actuelle de la date de Pâques. Il a en particulier été démontré qu’en certains pays le commerce perd des millions de francs lorsque Pâques tombe en mars. Mais il est évident qu’une pareille question ne pourrait être résolue qu’en accord avec la Papauté.

Autres inconvénients encore : les divisions de l’année (mois, trimestres, semestres) sont de longueurs trop inégales, ce qui est une cause continuelle d’embarras, d’incertitudes, de pertes de temps et d’argent, d’erreurs et d’injustices dans les calculs de salaires, d’intérêts, d’assurances et pensions, de loyers et rentes, de comptes courants. Le premier semestre contient 2 ou 3 jours de moins que le second ; certains mois ont 3 jours de plus que d’autres ; le nombre des jours des trimestres est respectivement de 90, 91, 92 et 92. Un simple fait suffit à montrer pourquoi rien qu’au point de vue bancaire, une réforme chronologique est indispensable : dans la plupart des pays d’Europe, la longueur inégale des mois a amené les établissements financiers à calculer pour les comptes courants et de dépôts l’année sur 12 mois de 30 jours, c’est-à-dire pour 360 jours, alors que pour l’escompte des traites, l’année se compte encore sur son