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AVIS

Les personnes mentionnées ci-dessous, condamnées par le tribunal de guerre à la peine de mort, ont été fusillées ce jour à la citadelle :

1° LE MARCHAND DE VIN EN GROS, CALUKKE JACQUET,

2° LE SOUS-LIEUTENANT, ERNEST DECONNINCK,

3° LE COMMERÇANT GEORGES MAERTENS,

4° L’OUVRIER SILVÈRE VERHULST.

Ils ont été condamnés :

a) Pour avoir caché l’aviateur anglais descendu près de Lille le 11 mars 1915 et l’avoir aidé ensuite à s’éloigner de Lille, de façon qu’il a pu rejoindre l’armée ennemie ;

b) Pour avoir donné aide et assistance aux soldats français qui, api es avoir abandonné leur uniforme, ont séjourné dans Lille et les environs. Les coupables ont également favorisé la fuite à l’étranger de ces soldats qui, d’après la proclamation du général commandant d’armée du 7, 1, 15 doivent être considérés connue espions.

Le présent jugement sera porté à la connaissance du public pour qu’il lui serve d’avertissement.


Lille, le 22 septembre 1913.


LE GOUVERNEUR.


Le gouverneur, m’a-t-on assuré, avait pris sur lui de donner ordre à la justice militaire de suivre son cours. Il se serait refuse à transmettre au Kaiser le recours en grâce.

Epilogue. Une circonstance accidentelle m’a mis en situation de connaître dans les moindres détails comment se passèrent les derniers moments « les condamnes. Un sous-officier allemand, M….., faisant fonction d’interprète à la citadelle, était demeuré près d’eux jusqu’au bout. Je tiens de lui qu’ils furent emmenés à six heures du matin et conduits aux poteaux, ainsi qu’il leur avait été promis, les yeux non bandés. Jacquet déclara qu’il avait à parler. Le colonel donna ordre qu’on le laissât dire ce qu’il voudrait. Alors Jacquet déclara que ses compagnons et lui ne regrettaient rien de ce qu’ils avaient fait. Ils avaient agi pour la France ! Le peloton comptait quarante hommes ; il y avait un piquet de dix pour chaque condamné. Tous quatre crièrent : « Vive la France ! Vive la République !... » Le témoin de cette scène ne pouvait contenir