Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/582

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
D’ISCHIA AU PIZZO

LES
DERNIERS JOURS DE MURAT
19 mai -13 octobre 1815 [1]
II

Le 17 septembre, dans la matinée, le Roi, accompagné par le général Franceschetti, le colonel Natali qu’il venait de nommer maréchal de camp, le commissaire Galvani et le commandant Poli, gendre de la nourrice de Napoléon, quitte le Vescovato, sous une escorte de quelque cent hommes armés. Il devait suivre la côte jusqu’à Vizzavona, et piquer ensuite, par Bocognano, sur Ajaccio, où il pensait trouver des bateaux et de l’argent. Les frères Antoine et Toussaint Gregori, négociants à Bastia, n’ayant pu lui fournir alors les 260 000 francs pour lesquels il leur avait remis des lettres de change sur Barillon, un de ses banquiers à Paris, il avait écrit à Barillon qu’il annulait l’opération, mais, pour plus de sûreté, présumant que Barillon, s’il n’avait pas été touché à temps par l’avis, aurait émis des effets sur un nommé Constantini, il prévenait celui-ci de suspendre l’acquit. « Il est essentiel à mes intérêts, écrivait-il, que je mette des oppositions. »

Au passage de Murat, ses anciens soldats accouraient des villages éloignés, certains à cheval avec tout leur clan. Le curé

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.