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n’avait sur lui en arrivant chez M. Ceccaldi que 10 400 francs en or, et une valeur d’environ 200 000 en diamants. Il possédait à Paris, en dépôt chez une dame Michel, une somme de quatre cent mille francs, sur lesquels deux cent mille francs avaient été versés au banquier Barillon. Pareille somme restait aux mains de Mme Michel [1], mais elle refusait d’en tenir compte.

A la veille de son départ, le Roi reçut de son valet de chambre, Armand, des diamants et des bijoux qu’il lui avait confiés, mais l’on ne voit pas qu’il en ait reçu ni argent comptant, ni valeurs. Pourtant, il est partout question [2] d’une reconnaissance tantôt de 2 500 000 francs, tantôt de 500 030 ducats, ou (1 d’une lettre de crédit de 60 000 francs de revenu » sur une maison de banque de Naples : ces trois assertions produisent des chiffres fort différents : 2 500 000 francs, 2 000 126 francs, ou 1 200 000 francs. Mais ces sommes ne pouvaient être réalisées, et, ce qu’il convient de rechercher, ce sont les fonds que Murat eut entre les mains. Ils consistèrent en argent fourni par le négociant de Bastia, Gregori, auquel Franceschetti s’était adressé pour négocier les lettres de change de 200 000 francs tirées sur Barillon, du Vescovalo, le 2 septembre. Barillon, sur ces 200 000 francs, en paya 171 740 francs à Gregori, lequel versa seulement 80 435 francs à Franceschetti et autres pour le compte de Murat [3].

Gregori était comptable encore, un an après, de 91 305 francs que confisqua le gouvernement de Louis XVIII, et que dépensa à sa guise le marquis de Rivière. Telle était la situation que,

  1. « Les enfants du Roi l’ont fait réclamer, mais l’extrême irritabilité des nerfs de cette dame lui fait éprouver des convulsions toutes les fois qu’on vient lui parler de cet homme-là, et l’on n’en peut rien obtenir de plus. » (Lettre de Macdonald à Franceschetti.)
  2. Franceschetti, 59 ; Galvani, 125.
  3. Si médiocres que soient ces ressources, Franceschetti, dans son mémoire, s’efforce à les diminuer. Il prétend que le Roi disposait d’une somme de 4 000 francs appartenant à lui, Franceschetti ; de 1 000 francs que le chef de bataillon Poli lui remit, pour le compte du Roi et de 6 400 francs d’or que le Roi avait sur lui au Vescovato. Il avait, en outre, une contre-épaulette en brillants, estimée 50 000 francs, « dont, dit Franceschetti, il avait fait présent à ma famille, et que l’on a eu soin de coudre dans sa ceinture avant son départ. » Quant aux lettres de change de Gregori, il prétend n’en avoir touché que 6 000 francs.