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renseigné par ses coureurs sur ce qui se passe plus à droite : il est huit heures du matin. Le lieutenant Richoux qui commande au centre la 1er compagnie assaillie, elle aussi, par des forces considérables cheminant par les ravins de la Lisette et de la Perche, a porté sa section de soutien dans une tranchée de verrou creusée par précaution les jours précédents au rebord du plateau, à cheval sur le chemin creux de la Papotière qu’elle coupe à angle droit : l’affaire est chaude, mais on tient. A droite, le lieutenant Abel, qui commande la 6e compagnie, rend compte que devant son front la progression semble arrêtée, les groupes ennemis désorganisés par ses feux n’ayant pas, face à lui, dépassé le hameau du Plémont et la lisière de la corne Est des bois du Plémont. Tranquillisé sur sa droite, le commandant fait appuyer la section de réserve de la 6e compagnie, seule force dont il dispose encore, vers la compagnie Richoux, pour étayer sa gauche. Il est 8 h. 15, et déjà toutes ses faibles disponibilités sont engagées*)


... A 8 h. 30, disent ses notes qui sont le plus vivant des récits et qui vont nous montrer l’extraordinaire revirement opéré d’un coup d’œil et en un clin d’œil, l’observatoire de gauche nous signale qu’il est débordé, que les Allemands ont atteint le rebord du plateau et ont déjà dépassé l’observatoire. Il n’y a plus rien pour les arrêter. Je donne l’ordre au sergent observateur de se préparer à détruire les appareils et de se défendre dans son P. C. jusqu’à la mort. Je lui promets du secours.

Un homme, à ce moment, arrive en courant et me signale que de très fortes fractions ennemies ont progressé le long des pentes Ouest du Plémont, en contournant le massif, et atteignent presque le bas du chemin creux où est mon P. C.

Je ne puis les apercevoir, mais je n’ai qu’à mettre le nez dehors pour voir ceux qui ont débordé l’observatoire couronner la crête. Les balles sifflent de tous côtés. Les mitrailleuses crépitent. Il n’y a plus une seconde à perdre, les Boches sont à 100 mètres du P.C. Je donne l’ordre d’évacuer en hâte le P. C. On met le feu aux papiers importants et nous sortons.

Nous marchons droit au Sud une trentaine de mètres. Puis j’arrête tout le monde. Je fais rapidement le compte de ce qu’il y a autour de moi. Une vingtaine d’hommes : agents de liaison, pionniers, signaleurs et quelques hommes de la 5e compagnie qui ont reflué. Je commande : « Demi-tour. En tirailleurs, et en avant ! Direction : l’observatoire. » Il y a 150 mètres à parcourir. C’est vite