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fait. On pousse, quelques hommes tombent. On arrive en haut. Le Boche fait demi-tour, on le tire dans le dos.

J’aperçois à ce moment le capitaine Thuveny dont le P.C. est à 100 mètres à droite de l’observatoire. Lui aussi fait le coup de feu, face au Boche, avec sa liaison, — tout ce qui lui reste de disponible.

Je le joins. Je lui dis : « Il faut à tout prix tenir le rebord du plateau, sinon le Plémont est perdu. Prenez à droite de l’observatoire. Je reste à gauche. » Nous poussons. Nous occupons la tranchée qui est en avant de l’observatoire, juste au rebord du plateau. Un homme accourt : « Le capitaine Thuveny est tué. »

Une mitrailleuse se trouve là, de la section de gauche de la ligne qui s’est repliée. Les hommes ont quelques caisses de cartouches. Je l’installe sur l’observatoire, battant les pentes Nord-Ouest du Plémont. J’organise le commandement : à droite de l’observatoire, tous les éléments qui occupent la petite tranchée, sous les ordres de l’adjudant de bataillon Chatagnier ; à gauche, en poussant le plus loin possible, au pied des pentes, tous les éléments sous les ordres du maréchal des logis adjoint Mouchet. — Mission ; tenir à tout prix là où l’on est. Il ne faut pas qu’un Boche mette le pied sur le plateau.

Cela a l’air de tenir. Je rentre à mon P. C. Il faut que je sache ce qui se passe au centre et à droite.

Je trouve en rentrant le corps du sous-lieutenant Duflos, tué d’une balle à la tête, devant l’observatoire ; je l’avais pris, cinq jours avant, comme officier adjoint.

On rapporte le capitaine Thuveny, grièvement blessé. Je l’embrasse. Il me reconnaît. « C’est vous, mon commandant ? Je suis content, je ne regrette rien. Il faut que l’on nous aide, il faut que nous soyons victorieux. Vive la France ! » On l’emporte, il répète : « C’est pour la France... »


Parmi ces morts et ces mourants, le commandant garde son cul me et sa confiance. il demande pour la seconde fois par coureurs au colonel Rat munitions et renforts. Les nouvelles qui lui viennent « le sa droite (6e compagnie) sont rassurantes, mais la compagnie du centre (7e ) a subi sur la gauche le contre-coup de l’avance allemande. La ferme de la Papotière prise à revers a dû être abandonnée par la section du sous-lieutenant Arbola qui se retire en combattant. « Combats homériques, car il faut dégager les mitrailleuses serrées de près. Le caporal Renon, entouré de trois ou quatre hommes, s’élance au-devant des assaillants et se bat deux minutes à la grenade pour