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qui sera l’heure fixée pour la contre-attaque, elle livrera sa bataille. gênée tout d’abord par le manque de munitions, — elle est. venue si vite, — et un peu plus tard convenablement ravitaillée.

Cette contre-attaque se monte, par le téléphone, comme un scénario. Du général Guillemin, le général d’Ambly obtient là collaboration du 56e bataillon de chasseurs (commandant Herment) qui était en réserve dans les bois de Thiescourt et qui, d’ailleurs, fa »t organiquement partie de la 77e division. Le lieutenant-colonel Modat, qui commande le régiment colonial du Maroc, s’entend directement avec le lieutenant-colonel Fournier. Les troupes dont celui-ci a besoin pour sa manœuvre seront des troupes d’élite : marsouins et chasseurs.

Le 56e bataillon de chasseurs à pied a dans son passé un épisode douloureux et magnifique. Un jour de défaite il a cueilli une gloire immortelle. Avec le 59e bataillon il formait ce groupe Driant qui défendit le bois des Caures les 21 et 22 février 1916, lors de la grande ruée allemande contre Verdun. « La violence du feu avait été telle, a écrit d’un camp de prisonniers un de ses commandants de compagnie qui fut blessé, qu’en sortant de nos abris, nous ne reconnaissions plus le paysage auquel nous étions habitués depuis quatre mois. Il n’y avait presque plus d’arbres debout ; la circulation était très difficile à cause des trous d’obus qui avaient bouleversé le sol.. Les boyaux de communication n’existaient plus. Les tranchées, par contre, avaient été fort touchées, mais étaient encore utilisables : elles furent aussitôt garnies... » Dans ce chaos où l’ennemi, s’avançant le soir du 21 février, croyait ne plus rencontrer personne, il se heurte aux chasseurs du lieutenant-colonel Driant et ne pont leur arracher ce jour-là que la lisière Nord du bois des Caures. La nuit et le lendemain, le bombardement recommence. Vers midi, l’infanterie allemande assiège le bois de front et de flanc, car la prise du bois d’Haumont à l’Ouest et le passage du ravin découpent notre gauche. Le bois est cerné. Des mitrailleuses, des canons-revolvers sont amenés pour réduire les défenseurs. Driant tient conseil avec ses commandants de bataillon, le commandant Renouard et le capitaine Vincent. Il se décide à ordonner le repli sur Beaumont. Il faut passer entre les feux croisés des mitrailleuses. Néanmoins le repli s’exécute à la tombée de la nuit et les squelettes de