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élément de terrain qui viendrait à être perdu devra être immédiatement contre-attaqué. » Dès midi, le lieutenant-colonel Fournier qui commande l’infanterie divisionnaire prépare cette contre-attaque.

Le lieutenant-colonel Fournier commandait hier encore le groupe de chasseurs de la division. Il a remplacé à l’infanterie divisionnaire, le colonel Serrigny appelé au commandement de la 62e division en pleine bataille. Petit, blond, maigre, calme, un air appliqué de chi3f de bureau d’état-major, il a le diable au corps à la tête d’une troupe, et son esprit agile a bientôt trouvé la solution. Il lui faut des troupes, une préparation d’artillerie, un accord avec la division Guillemin qui tient le Plémont. Car la manœuvre, il l’a conçue. Elle est, ma foi, très hardie, mais il est des heures où il faut savoir oser. L’art de la guerre est, d’ailleurs, tout en décisions simples. L’exécution seule peut être compliquée. Au lieu d’aborder de front le parc où l’ennemi pullule et déjà s’organise, à l’abri des murs, dans les taillis propices aux embuscades, il enveloppera, par un large mouvement d’ailes, toutes les positions perdues, le parc, le château, le village, et se rabattra ensuite pour prendre l’ennemi à revers. Mais celui-ci ne déjouera-t-il pas sa manœuvre ? A l’Ouest du parc, il est lui-même installé jusqu’au carrefour de la cote 78 d’où il atteint le ruisseau du pré de Vienne. A l’Est, il s’est avancé sur la route de Belval et bat les pentes Ouest du Plémont. Eh bien ! mais le mouvement enveloppant sera d’envergure, et que faites-vous de la surprise ? Quand on s’est battu plusieurs heures contre un adversaire qui vous fait face avec l’énergie déployée par le 97e on ne va pas tout à coup le chercher sur sa droite, ou bien, lorsqu’on l’aperçoit, il est trop tard. — Mais ne suffirait-il pas de quelques mitrailleuses pour arrêter la progression ? — Qui ne risque rien n’a rien. Et la faute que l’ennemi a commise et qui fournit l’occasion de le tourner, c’est la discontinuité de son attaque. Il a laissé un vide entre la 7e division de réserve et la 5e division de la Garde qui attaque de Conchy-les-Pots sur Orvillers, entre son 66e régiment arrêté à la cote 78 et le régiment Elisabeth. Ce vide, nous allons le combler nous-mêmes...

Avant toutes choses, il importe de garder l’ennemi en cage, de lui interdire les sorties du parc, de l’empêcher de s’y fortifier. Cent le rôle de l’artillerie. Jusqu’à cinq heures du soir,