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en avant, formée en trapèze à cheval sur le ruisseau du pré de Vienne ; chaque section en lignes d’escouades par un est précédée à faible distance par une patrouille de combat. Un peloton de la compagnie de gauche forme soutien derrière le centre. La compagnie de droite (236e), arrivée la dernière sur la base de départ et disposée en colonne de pelotons, a juste le temps d’être orientée par l’adjudant-major. Les mitrailleuses sont disposées sur les flancs : deux sections à droite, deux à gauche. Sur l’ordre du lieutenant-colonel Modat, la troupe a été allégée et les sacs déposés. Elle a pu être ravitaillée en munitions et dispose d’un approvisionnement individuel à peu près complet. Chaque pièce de mitrailleuse dispose de 2 100 cartouches en bandes.

Nos batteries, depuis trois quarts d’heure, encagent le parc. Au moment de l’attaque, le groupe Schneider allongera son tir jusqu’aux lisières de Lassigny, les autres groupes encadreront le village ou précéderont l’infanterie de leur barrage roulant.


XII. — LE PLESSIS-DE-ROYE DÉLIVRÉ

À cinq heures et demie, très exactement, sous la protection de ce barrage roulant, la petite expédition se met en marche, la compagnie Dessendie au centre et en tête, la compagnie Mestre à gauche, à droite la compagnie Gossard (236e). Le lieutenant-colonel Modat a voulu les voir partir : un départ est toujours exaltant, et celui-ci lui rappelle la journée de Douaumont où il fut blessé, et la journée de la Malmaison. Il sourit, tant les troupes ont belle allure ; il a confiance dans le succès ; tout de même, il aimerait vieillir subitement d’une heure ou deux.

Favorisées par le terrain et par le temps qui s’est mis au beau pour la fin de la journée, les compagnies Dessendie et Mestre qui suivent, dans le fond du vallon, le ruisseau du Pré de Vienne, cheminent à l’abri des vues du parc. Des réseaux de fils de fer ralentissent la marche qui, sans cet obstacle, serait une promenade. On atteint la route, bien en ordre, sans pertes. La route traverse le ruisseau sur un petit pont qui est gardé par des sentinelles ennemies. Les patrouilles de combat, d’un bond, les saisissent et les égorgent. Immédiatement les sections de tête ont barré le chemin et ouvrent le feu sur les