Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/636

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Noirs offre une bonne position de tir pour atteindre Lassigny, mais il est trop en flèche, et le commandant Reboul rallie non sans peine ses hommes trop entreprenants.

« Nous tournons à angle droit, raconte encore l’aspirant Leniand, et nous marchons sur le Plessis. Nous trouvons encore de nombreux Allemands dans les trous d’obus et dans les éléments de tranchées : ils se rendent tous sans hésiter, quelques-uns fuient ; mais ils ne vont pas loin, car une balle les cueille rapidement. : » Et le sergent-major Delavaud : « La marche sur le Plessis fut une marche triomphale pour tous ; car, grisés par le succès, voyant les Boches fuir de tous côtés, le terrain jonché de cadavres, et les prisonniers se rendant en masses, les hommes tiraient sans arrêt dans les groupes de fuyards. La section abordait la lisière du Plessis, sans avoir subi d’autres pertes que trois blessés. Le succès était complet : des éléments avaient pénétré dans le village... »

A la compagnie Dessendie était réservé l’honneur de cette conquête. Le capitaine envoya la section Fabre à la lisière Est du village, du côté de la Porte Rouge, et plaça à la lisière Ouest ses deux autres sections qu’il garda directement sous ses ordres. Puis il expédia des patrouilles pour contourner le village par le Nord. Le sergent Fabre se dirigea vers l’Eglise avec sa section. » Avant d’y arriver, dit-il, nous faisons heureusement un prisonnier qui nous sert de guide. J’opère d’après ses renseignements que par la suite j’ai reconnus exacts. Sachant par lui que les Boches qui tiraient sur nous n’avaient pas de commandement, je tentai et réussis un mouvement enveloppant par la rue qui va de l’Eglise au parc du château. Se voyant tournés, les Boches se rendent ou s’enfuient : il m’en reste une vingtaine que j’envoie immédiatement à l’arrière avec un de mes hommes. Puis je m’installe au croisement de routes devant l’Eglise, surveillant toutes les directions, car je ne voyais aucune troupe venir ni à droite ni à gauche... Un moment après, par petits groupes, les Boches débouchent par la porte du parc du château, se dirigeant vers l’Église. Sans nous laisser voir, je les laisse approcher. Soudain, je les somme de se rendre : surpris et ignorant ce qu’ils avaient devant eux, ils se rendent. C’étaient trois petits groupes composés de quinze hommes parmi lesquels se trouvait un officier. Par l’officier allemand je les fais rassembler et conduire à