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trouvé au fond des ports quelques coques inutilisées, il s’agissait de cas tout à fait particuliers. L’immobilisation du navire était due à des circonstances très spéciales. Contre de pareils agissements, le gouvernement était armé et pouvait sévir avec la dernière rigueur. Cela lui était facile avec la loi du 19 février 1918, qui prescrivait des sanctions sévères, et l’organisation d’un contrôle du tonnage indépendant, qui eût renseigné le ministre sur l’application des dispositions législatives. — Si l’on en croit M. Bergeon, rapporteur du projet de loi sur la réquisition générale, il ne semble pas que celle-ci ait apporté une amélioration dans l’utilisation des navires. Le rapporteur cite notamment le cas de nombreux navires qui ont été retenus d’une façon prolongée dans le port.

Quant aux désarmements dus à des grosses réparations, la réquisition n’a rien changé à la situation, si elle ne l’a pas aggravée. Il existait quatre-vingt-trois navires formant une jauge brute de 275 544 tonnes au mois de septembre 1918, tant en Atlantique qu’en Méditerranée. Il est absolument inexact de prétendre que les compagnies étaient désireuses de prolonger la réparation de ces bâtiments. Pourquoi ces réparations ont-elles été effectuées parfois avec une lenteur désespérante ? Tout simplement parce que les moyens d’action mis à la disposition des chantiers privés ou des arsenaux étaient manifestement insuffisants. Une commission interministérielle s’est préoccupée d’améliorer les travaux de disponibilité des navires. Son rôle eût été encore plus efficace si elle s’était trouvée en présence des propriétaires réels des bâtiments et non de l’Etat. Dans la majorité des cas, pour ne pas dire dans tous les cas, elle eût été secondée par l’action des armateurs pour lesquels tout temps perdu est de l’argent gaspillé. S’il se fût révélé des récalcitrants parmi eux, il eût été facile de briser les résistances individuelles, en effectuant d’office les réparations nécessaires. Mais tout le monde conviendra que l’Etat est beaucoup plus accessible qu’une compagnie aux raisons que chacun ne manque pas de faire valoir, quand il s’agit de justifier la prolongation d’un séjour dans le port ou dans un bassin de radoub.

Il nous reste à parler maintenant de la durée des voyages et des chargements de navires. Le meilleur moyen d’intensifier les mouvements est d’y intéresser ceux de qui ils dépendent. On l’avait si bien compris dans le commerce libre que sous le