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mineur et le contreseing de Loménie, nouvelles instructions qui visent en particulier les Maronites : « Nous prenons et mettons, écrit le Roi, en notre protection et sauvegarde spéciale, le Révérendissime Patriarche et tous les Prélats, ecclésiastiques et séculiers chrétiens maronites qui habitent particulièrement dans le Mont Liban. Nous voulons qu’ils en ressentent l’effet en toute occurrence... » En 1737, Louis XV renouvelle les mêmes instructions à la prière du patriarche d’Antioche et des chrétiens maronites qui ont fait valoir que « depuis un temps infini leur nation est dessous la protection des Empereurs et Roys de France... » La Révolution tient le même langage ; elle recommande qu’en protégeant les latins on n’oublie pas les chrétiens orientaux. Notre représentant, le général Aubert du Bayet, dit à nos consuls dans une circulaire : « La constitution sous laquelle nous avons le bonheur de vivre, laissant d’ailleurs à chaque individu la libellé d’exercer... le culte qu’il a choisi, nous sommes d’autant plus tenus à défendre la religion des sujets ottomans qui professent le christianisme qu’elle est tolérée par la Porte elle-même. » Et le ministre des Relations extérieures du Directoire, saisi de cette circulaire, écrit, le 15 ventôse an V, à Aubert du Bayet : « Le zèle que vous apportez à protéger la religion ne peut que vous mériter la considération même auprès des musulmans... Etendez à cet égard notre protectorat le plus que vous pourrez... » Le même ministre, Delacroix, écrit d’autre part à notre représentant en Espagne pour lui expliquer que nous ne pouvions renoncer en faveur d’aucune Puissance à notre mission traditionnelle : « Un gouvernement libre est jaloux de tous ses droits, mais il l’est surtout de celui de secourir et de protéger. Les établissements religieux en Levant trouveront dans la République française et dans l’amitié qui l’unit à la Porte ottomane des moyens d’existence et une garantie pour leur tranquillité qu’un nouvel ordre de choses ne leur procurerait pas. »

Arrêtons ici ces extraits qu’il nous serait facile de multiplier ; le peu que nous avons donné montre assez quelle a été, sous les différences de ton amenées par l’évolution des idées, la continuité de ce ministère de tolérance étendu, par notre effort persévérant, à toutes les régions de l’Empire turc où souffraient des communautés chrétiennes.