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Pour qu’au sortir de la tourmente,
Sur la terre encore fumante,
Après le dernier défile,
Par notre victoire tardive
L’espoir reverdisse et revive
Dans la couleur du nouveau blé.



Hélas ! la nuit est longue, et rien n’annonce encore
Dans les cieux étouffants l’approche de l’aurore.
La Bête a fait un nouveau bond.
Il semble que jamais elle ne fût si forte.
Pour la seconde fois Paris sent sous sa porte
Passer un souffle furibond.

Pour la seconde fois, rasant la piste chaude,
De tristes vents flaireurs tournent au pied des murs
C’est la honte qui cherche une entrée et qui rode
Avec ses chiens obscurs.

Amérique, Amérique, en cette nuit pressante,
Par-dessus le fracas du flot contre l’écueil,
Entends la faible voix qui sur l’âme est puissante,
Le cri que jette au ciel dans ses voiles de deuil
La victime innocente.

Hâte-toi d’accourir ! les peuples anciens
Ont uni toutes leurs armées.
Nous avons nos héros, l’Angleterre a les siens,
Et sa flotte est présente autour des eaux fermées.
Les soldats d’Italie ont sur les pics neigeux
Dressé contre Wotan Vénus humaine et claire.
Oui, tous se sont comptés dans un jour de colère
Et tous ont fait leurs jeux.

A ton tour à présent lève-toi, Nouveau-Monde,
Cadet aventureux qui si vite as grandi !
Entre Toul et Verdun prends place dans la ronde.
Tu verras Douaumont qui toujours fume et gronde
Et Vaux dont le volcan ne s’est pas refroidi.