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problèmes internationaux se résume dans les mots : conciliation, arbitrage, et démocratie. » En vain Debs et les socialistes qui l’écoutant parlent de grève générale : menaces et objurgations restent sans effet. Même ceux qui estiment, — et ils sont nombreux, — que l’entrée des Etats-Unis dans la guerre n’aura d’autre effet que de la prolonger indéfiniment, que la vraie solution est une offre de médiation, ne sont plus écoutés. (Résolution présentée à la Chambre par Meyer London, 5 avril.) Par 82 voix contre 6, le Sénat vote la guerre ; par 373 contre 50, la Chambre fait de même. Dans l’État de Wisconsin seul les opposants furent plus nombreux que ceux qui soutinrent le Président (9 contre 2). Les preuves de patriotisme viennent de partout. Des chefs socialistes lancent une proclamation qui dit : « Quiconque refuse de résister aux crimes internationaux est indigne du nom de socialiste. » On renonce à distinguer entre les ouvriers syndiqués et les jaunes. Les industriels mettent leurs usines à la disposition du gouvernement. Les producteurs de cuivre offrent d’en fournir 45 510 000 livres à l’Etat au prix de 85 centimes la livre, au lieu du prix marchand de 1 fr. 85. Les producteurs d’acier font une offre analogue. Les fabricants travaillant pour la guerre s’engagent à ne pas prendre un bénéfice supérieur à 10 pour 100. Les sociétés de préparation militaire se multiplient. Même le service obligatoire et universel, repoussé naguère avec horreur, rallie des partisans de plus en plus nombreux. Les Germano-Américains eux-mêmes n’osent plus guère se tenir à l’écart du mouvement, et protestent de leur loyalisme. Une onde d’enthousiasme patriotique traverse le pays. La présence de la mission française surexcite tous les sentiments d’affection, de reconnaissance, d’admiration, que l’on éprouve pour la France .

La faillite de la propagande allemande et pacifiste, la révolution russe, l’amour de la France que grandissait toujours sa magnifique résistance, n’expliquent pas seuls la véhémence de ce mouvement. Il avait des sources plus profondes encore dans des sentiments nouveaux qui libéraient tout le vieil idéalisme américain. En donnant à l’intervention américaine un but absolument désintéressé, en affirmant que les États-Unis ne cherchent aucun bénéfice particulier et se battent pour un idéal, le président Wilson a plus fait pour rendre la