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qu’au bout de plusieurs mois d’inaction désastreuses que le Président intervient, les renvoie des à dos, et confie à .M. Hurley la tâche de concilier les deux thèses, en construisant sans retard à la fois des bateaux en bois et en acier. On vote le 4 juin 750 millions de dollars pour l’œuvre des chantiers fédéraux : on commande 100 navires en bois : deux millions de tonnes d’acier sont en construction dans les chantiers privés.

Mais c’est l’effort financier des États-Unis qui reste la source de tous les autres efforts, et que l’on pousse et que l’on attaque avec le plus d’énergie. La presse et les meneurs pacifistes germanophiles et socialistes travaillent sourdement à ruiner les projets en les rendant impopulaires. Ils exigent pour cette guerre « démocratique » des finances « démocratiques. » Les dépenses de la guerre doivent être couvertes par la génération qui la fait, les financiers qui la veulent. Le peuple donne son sang ; que les riches donnent leur or ; c’est la « conscription » des richesses qui doit répondre à la conscription militaire. Tous les revenus au-dessus de 10 000 dollars doivent être confisqués. C’est un excellent moyen de punir Wall Street responsable de la guerre. « Les financiers ont fait de cette guerre leur guerre. Ils l’ont cherchée, provoquée, accomplie. Qu’ils la paient ! » (New-Yorker Staats Zeitung du 23 avril . L’annuaire germano-américain va jusqu’à affirmer que le Président n’a déclaré la guerre que pour sauver l’argent des capitalistes et des fabricants de munitions. Et des journaux qui ne sont ni germanophiles ni socialistes, tel le Cleveland Plain Dealer, soutiennent aussi la thèse qu’il faut surtout demander aux impôts présents les ressources nécessaires. C’est aussi l’avis de la majorité du Congrès. Le ministre des Finances est obligé de céder en partie au mouvement. Aux impôts, on demandera plus de dix milliards de francs, la moitié des dépenses de guerre de la première année ; et à l’emprunt 8 milliards 200 millions : on élèvera à 40 pour 100 la surtaxe sur les revenus qui dépassent un million de dollars L’impôt sur les profits de guerre atteindra finalement de 12 à 60 pour 100. Malgré ces concessions, on est lent à souscrire à l’emprunt : le New-York Times, du 15 mai, s’alarme de l’insuffisance des souscriptions, et en conclut que le pays n’a pas encore l’esprit de guerre : la Tribune du 17 mai déclare que le gouvernement s’en inquiète.

Ces inquiétudes sont vaines. Sans doute, le taux de l’intérêt