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trop bas, 3 l/2 pour 100, établi pour ne pas jeter le désarroi dans les valeurs de chemins de fer qui rapportent 4 pour 100, ralentit la réponse ; sans doute, le peuple américain, qui ignore les emprunts d’État, s’en méfie d’abord. Mais, à la dernière minute, il se décide, et l’emprunt est couvert. Et d’emprunt en emprunt on voit affluer plus généreusement et plus rapidement l’or du peuple : chaque emprunt réussit mieux que le précédent, et un plus grand nombre de souscripteurs populaires s’y associent ; à cette progression on peut mesurer le croissant enthousiasme des États-Unis pour la guerre. Très vite d’ailleurs on se rend compte de l’énormité des crédits qu’il faudra ouvrir. Dès le mois de juillet, on estime que la première année de guerre coulera le milliards de dollars ; le sénateur Smoot déclare, le 24 juillet, que déjà la note de guerre s’élève à 9 milliards 226 millions de dollars. Mais ces chiffres n’alarment pas la riche nation qui s’en enorgueillit. Après tout, ces 15 milliards ne sont qu’un tiers des revenus nationaux. Les sacrifices de l’Angleterre qui atteignent 30 pour 100 de la fortune nationale sont autrement vastes, et plus vastes encore proportionnellement les sacrifices de la France. On ne lésinera pas. On prêtera aux Alliés toutes les sommes dont ils auront besoin. Les avances qu’ils ont reçues montent déjà, le 27 août, à plus de 2 milliards de dollars, environ 12 milliards de francs en tout [1]. Et M. Mac Adoo propose en août d’émettre pour 11 milliards et demi de dollars d’obligations nouvelles ; le 6 septembre, l’émission est votée à l’unanimité. On est fier de ces chiffres et de cette unanimité. Le World du 29 août fait remarquer que les États-Unis au bout de deux ans huit mois de guerre auront dépensé 26 milliards de dollars, deux fois ce que l’Angleterre a dépensé dans le même temps. Aucun chiffre n’effraie plus. A la fin de septembre, devant les 3 000 délégués réunis à Atlantic City pour la convention de l’Association des Banquiers, Mr. Mac Adoo dit : « Les ressources des banques nationales et des banques d’État sont de 37 milliards de dollars. Au début de la guerre de Sécession, lorsqu’elles étaient de 1 milliard et demi de dollars, le gouvernement a emprunté 3 milliards de dollars, soit le double. En observant la même

  1. 1 milliard 5 millions de dollars à l’Angleterre : 539 millions à la France ; 200 millions à l’Italie ; 275 millions à la Russie ; 53 400 000 à la Belgique ; 3 millions à la Serbie (Commercial Chronicle, 25 août 1917).