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et violente. Il eut beau déclarer qu’il tiendrait un grand concile sur les marches mêmes du Capitole pour protester contre le « tsar Wilson » : le mouvement croule sous le mépris et l’hostilité de l’immense majorité de la nation. Le Call a beau gémir : « Jusqu’où va la prussianisation des États-Unis ? » Les Industrial Workers of the World ont beau se mobiliser ; rien de grave ne sort de toutes ces agitations. — D’autres événements sensationnels viennent renforcer les sentiments patriotiques. Dans sa réponse au Pape, le Président avait déclaré que les États-Unis ne pouvaient pas « accepter la parole des maîtres de l’Allemagne comme une garantie de quoi que ce soit de durable. » Et presque immédiatement, comme pour justifier sa sévérité, il fait publier par le département d’Etat de nouvelles preuves de la mauvaise foi et de la félonie allemandes. Elles jettent la consternation dans le camp des germanophiles. Ils n’attaquent plus. Ils se contentent de les infirmer du mieux qu’ils peuvent.

La première de ces communications fut les dépêches envoyées de Buenos-Ayres à Berlin par von Luxbourg, le représentant de l’Allemagne auprès de la République Argentine. Des bateaux argentins avaient été coulés par des sous-marins allemands : aux protestations argentines, Berlin répondit en promettant que pareils faits ne se renouvelleraient pas. Or, ces dépêches, transmises par le représentant de la Suède, conseil- laient à Berlin de continuer à faire couler ces bateaux, mais sans laisser de traces. C’était l’assassinat dans les ténèbres. Le 11 septembre M. Lansing déclare officiellement que le gouvernement américain ne veut tirer vis-à-vis de la Suède aucune conséquence de l’incident : il a voulu simplement « ouvrir les yeux du monde sur les méthodes de l’Allemagne. » Et pour achever d’éclairer la religion des États-Unis, M. Lansing fait publier coup sur coup une série de dépêches de von Bernstorff à son gouvernement pendant la neutralité des États-Unis, et qui la violaient. On a surpris le chiffre allemand : on lit à livre ouvert dans les intrigues de l’ambassadeur.

Le lendemain de cette publication (23 septembre 1917) on livre aux journaux des documents saisis chez Wolff von Igel, chargé après le départ de von Papen de poursuivre son œuvre. Ces documents révèlent une organisation complète de corruption, d’espionnage et d’attentats tendant à paralyser la production