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et des pacifistes ; même Morris Hillquit, même Meyer London, même la Milwaukee Free Press l’approuvent, et déclarent que, mieux que les déclarations de Lloyd George, ils les satisfont. L’abominable torpillage du Tuscania vient à point exaspérer jusqu’à la frénésie la haine de l’Allemagne et l’esprit de guerre. Le New York Times déclare (11 février 1918) que toutes les hésitations sont définitivement dissipées : l’Amérique entre corps et âme dans la guerre. Et en effet, à partir de ce moment, l’unanimité est absolue. Nulle protestation n’ose plus se produire. De jour en jour augmente la résolution implacable ; elle se transforme bientôt en ardeur brûlante, en un véritable mysticisme belliqueux.


LA PARTICIPATION DE L’AMÉRIQLIE À LA GUERRE

C’est l’offensive du 21 mars et ses conséquences qui surtout allument dans tous les cœurs la flamme inextinguible. Devant la foudroyante avance l’anxiété croît de jour en jour ; bientôt elle devient de l’angoisse, et toute l’Amérique vit suspendue aux terribles nouvelles qui viennent du front. C’était depuis l’entrée en guerre des États-Unis la première fois que l’on se sentait directement atteint : dans le drame on n’était plus spectateur, et ce drame vaut Verdun, les moments culminants de la guerre. A l’unanimité, la presse réclame l’accélération des envois de troupes, des fabrications de munitions, d’aéroplanes ; toutes les grèves cessent comme par enchantement ; et ce pays si orgueilleux, si désireux de ne pas voir confondre son armée avec les troupes alliées, accepte avec joie la nouvelle de l’amalgame consenti par Pershing et approuvé par Wilson. Les États-Unis sont directement menacés : jamais, dans toute leur histoire, dit-on, ils n’ont eu à affronter péril pareil (Public Ledger, 16 et 21 avril). Il n’y a qu’un remède : l’envoi immédiat de masses énormes de troupes américaines, leur entrée immédiate dans la bataille. Il faut augmenter le tonnage consacré au transport des troupes, faire appel à l’Angleterre. Et, en effet, dans l’espace d’un mois le tonnage disponible est triplé : de 80 000, les envois montent à 280 000 et se maintiendront régulièrement à 250 000, — 300 000 hommes par mois Déjà le 8 mai, M. Baker annonce qu’il y a en Europe 500 000 Américains, et M. Daniels qu’avant la fin de l’année il