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pacifiste, on a beau protester, le Gouvernement, sans égard pour ces protestations qui viennent même de ses amis, se montre de plus en plus rigoureux : il interdit l’Illinois Staats Zeitung, la New Jersey Freie Zeitung : en pleine période électorale il supprime deux journaux de New York, entame des procès contre le Milwaukee Leader, le New York Call : la poste refuse de transmettre nombre de journaux hostiles à la poursuite de la guerre. Des Universités révoquent des professeurs pacifistes, notamment Columbia MM. Cattell et Dana, et l’Université de Minnesota un autre. C’est la liberté de la parole après la liberté de la presse qui subit des atteintes jusqu’alors inconnues aux États-Unis. Et cependant l’immense majorité de la presse approuve.

Même Morris Hillquit, chef des socialistes pacifistes, et Meyer London, nient qu’ils songent à amener une paix séparée favorable à l’Allemagne. On évolue de plus en plus vers la conception qu’il faut faire la guerre non seulement à l’Allemagne, mais à tous ses Alliés, et se rapprocher davantage de l’Entente. De plus en plus on tend à admettre les revendications françaises sur l’Alsace-Lorraine, si longtemps contestées. Graduellement la lumière totale se fait. On voit de mieux en mieux que l’on ne peut restreindre la participation américaine aux fins étroites où l’on voulait d’abord l’enfermer : elle doit être complète et poussée jusqu’au bout, en tous sens.

Le message si net du Président, du 4 décembre, affirme avec une énergie nouvelle « qu’il faut écraser, ou du moins si elle n’est pas entièrement détruite, exclure du commerce d’amitié des nations, cette chose intolérable dont les maîtres de l’Allemagne nous ont fait voir la face hideuse, cette menace de l’intrigue combinée avec la force... Notre tâche présente et immédiate est de vaincre ; et rien ne nous en détournera avant qu’elle ne soit accomplie. »

A la fin de 1917, l’opposition germanophile et pacifiste devient donc presque négligeable. La situation russe, la frauduleuse paix de Brest-Litowsk, où l’Allemagne dévoile sa perfidie et son impérialisme, et met la main sur les immenses ressources de la Russie, achèvent la déroute de la presse germanophile. Un nouveau message du Président le 8 janvier clarifie encore la situation. Il y pose avec une grande netteté les conditions de la paix future ; et les quatorze points de ce message rallient l’unanimité des suffrages, même ceux des socialistes