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les détails pittoresques, émouvants, concrets, décrivent les atrocités, content d’innombrables anecdotes recueillies parmi les paysans, les citadins délivrés par les « boys » américains, — un fils, un frère, un mari, — et toutes disent l’infamie allemande, l’abjection d’une race qui bombarde les hôpitaux, torpille les bateaux-hôpitaux, prodigue les gaz asphyxiants, les jets de flamme, tous les moyens lâches et barbares que le monde ignorait jusqu’à leur venue, déporte les femmes et les enfants, souille les jeunes filles et les martyrise, scie les arbres fruitiers, détruit jusqu’à la fécondité de la terre, semble vouloir dessécher jusqu’aux racines de la vie des pays qu’elle occupe.

Une indignation sans bornes se répand. Toutes ces abominations auxquelles on ne voulait pas croire sont donc vraies ? L’abjection de l’Allemagne n’a donc pas été exagérée ? Et voilà quatre ans que cela dure ! — Et peu à peu, toute l’atrocité de cette guerre, toute la barbarie de cette race immonde, se révèlent aux plus incrédules. Avec pareille race, aucune compromission n’est possible. L’écrasement seul peut la réduire. Et on l’écrasera comme une bête enragée.

Nulle part, pas même, en Serbie, pas même en France, en Belgique, dans les terres qui ont tout subi, la volonté d’en finir pour toujours avec cette Allemagne abhorrée n’est plus forte.

Les hésitations, les incertitudes, les doutes d’autrefois semblent quelque rêve auquel on ne peut plus croire. L’unanimité est complète. L’ardeur guerrière grandit littéralement de jour en jour. Elle est encore stimulée par les « drives » de la Croix-Rouge, de l’Y. M. C. A., des Knights of Columbus, de toutes les organisations charitables que la guerre a fait naître : toutes collaborent à la même fin avec la propagande intensive en faveur des emprunts. L’action s’infiltre partout, dans le moindre village, le moindre atelier, les bureaux, les magasins, les théâtres : nul ne lui échappe. Il n’y a pas une cellule de l’organisme américain qu’elle n’atteigne et ne pénètre et n’associe au commun effort, n’enflamme d’une même ardeur. L’innombrable sollicitation permanente et urgente assaille sans trêve les cerveaux : c’est la présence réelle de la guerre qu’elle y installe : l’obsession grandit et cherche issue, les images, les excitations, les activités de guerre multipliées entretiennent la fièvre, le grandissant fanatisme qui se transmet comme une