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avaient déjà été cédées à l’Italie par le gouvernement français en 1915 et dans le courant de 1916. Ce premier concours fut alors élargi et, à partir du printemps de 1917, fut envoyé sur le front italien, Trentin et Carso, un matériel relativement nombreux accompagné de son personnel au complet. Au début d’octobre 1917, le général Cadorna ayant notifié aux états-majors alliés l’interruption des offensives italiennes prévues, et justifié cet ajournement par les fortes concentrations ennemies sur le front de l’Isonzo, la majeure partie de notre artillerie, mise à la disposition de l’Italie en vue de l’offensive, fut rappelée en France, trois groupes de batteries étant seuls maintenus sur le front italien. On arrive ainsi à la date de Caporetto. Dès la nouvelle du désastre, le maréchal Foch, alors chef d’Etat-major général, part pour le Grand Quartier général du général Cadorna, afin de se rendre compte par lui-même de la situation[1]. Mais avant de quitter Paris, il a donné les ordres et arrêté, d’accord avec le maréchal Pétain, commandant en chef des armées françaises, les mesures nécessaires pour l’envoi immédiat en Italie d’un premier renfort de quatre divisions d’infanterie, avec leur artillerie. La décision en est prise avant même qu’ait été reçue la demande de secours du général Cadorna. Le mouvement commence aussitôt à s’exécuter, et se poursuit avec une rapidité vertigineuse, — le mot n’est pas exagéré, — malgré le petit nombre et le faible rendement des deux seules voies de communication entre la France et l’Italie, celle de Modane et celle de Vintimille, malgré les exigences du transport des divisions anglaises, expédiées aussi du front français au front italien. Nos troupes arrivent par toutes les voies, en chemin de fer par le Mont-Cenis et la Riviera, à pied, à travers les Alpes, par le col de Tende et par la route de Briançon. Concentrés d’abord à Brescia, les premiers éléments en sont utilisés à renforcer la défense de l’Ouest, dans la région du lac de Garde[2]. Pendant ce temps, le maréchal Foch, ayant pris contact avec le général Cadorna à Trévise et à Padoue et s’étant rendu compte de la situation, vient à Rome (2 et 3 novembre) pour conférer

  1. 29 octobre 1917.
  2. Où une poussée austro-allemande, si elle s’était produite et qu’elle eût débouché, aurait pris à revers et coupé de leur ligne de retraite les armées italiennes en repli à l’Est, en Vénétie.