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avec le gouvernement italien. Il en repart deux jours après avec M. Barrère pour Rapallo, où M. Orlando et M. Sonnino ont donné rendez-vous à MM. Lloyd George et Painlevé. A l’entrevue de Rapallo, il est décidé de porter jusqu’à douze divisions, six françaises et six anglaises, le concours militaire allié en Italie et de mettre à la disposition de celle-ci l’artillerie lourde et de campagne nécessaire pour suppléer aux milliers de canons perdus dans la défaite, en attendant que la fabrication italienne ait pu les remplacer. Aussitôt ces décisions prises, l’exécution en est commencée. L’artillerie est envoyée, les deux divisions françaises supplémentaires sont mises en route. Quelques-unes de nos unités sont intercalées entre les unités italiennes sur la ligne de la Piave, où celles-ci sont parvenues dans l’intervalle. Le reste se concentre à l’arrière, en réserve, prêt à se porter sur le point où sa présence serait demandée. Le Quartier Général du général Duchesne, ensuite du général Maistre, s’installe à Vérone ; la base française, à Milan. Aux environs de Padoue s’établit le général Fayolle, commandant supérieur de nos forces, muni des instructions du maréchal Foch, qui, de Rapallo, est retourné à Padoue pour l’y accueillir, avant de rentrer définitivement en France.

À l’une des heures les plus critiques de l’histoire de l’Italie, le concours militaire de la France ne lui a donc pas fait défaut. Il n’aurait su être plus spontané, plus généreux, plus prompt : notre gouvernement et notre État-major n’auraient pu faire preuve de plus de décision, ni de plus de rapidité dans l’exécution. Comment ne pas rappeler les manifestations de sympathie, on peut dire d’enthousiasme, par lesquelles les troupes françaises ont alors été accueillies sur tout leur parcours, dans les grandes villes comme Gênes, Turin, Milan, dans les plus petites comme Vintimille, Pignerol, Coni, Avigliana, Brescia, etc, dans les villages et les cantonnements de campagne, où elles ont retrouvé encore vivants les souvenirs laissés par leurs aînés des armées de la première République, du premier et du second Empire, acclamées, fêtées, couvertes de fleurs par les populations, chacun rivalisant d’empressement à leur témoigner son affection et sa gratitude ? Constater cet accueil enthousiaste, c’est montrer en même temps le haut effet moral de l’arrivée de nos troupes, effet moral qui a été l’un des