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mais dans les États-Majors le particularisme continuait à sévir : le 28, sir Douglas Haig, commandant le 1er corps, avait promis l’appui de son artillerie pour le 29, de son infanterie pour le 30 au soir, sous réserve de l’approbation du maréchal French ; mais la nuit il était obligé de retirer cette promesse : « en raison des instructions générales de l’armée, il ne pouvait, à son grand regret, participer à cette opération. »

Ce recul de l’armée anglaise entraînait le reste de la ligne, et il devenait impossible de s’arrêter à hauteur de Reims. Sur les instances du général Joffre, le maréchal French dirige sa retraite vers l’Est de Paris, au lieu de l’Ouest, renonçant à se rapprocher de ses bases maritimes ; sir John French a refusé de s’arrêter le 31, malgré la demande pressante du Président de la République, de lord Kitchener et du gouvernement britannique, « parce que, dit-il, aucun signe d’arrêt ne se manifestait sur la ligne des Alliés. » La droite française tient ferme en Lorraine avec les armées Dubail et Castelnau ; afin de combler le vide qui se creuse entre les 4e et 5e armées, le général Joffre y forme un détachement qui va s’appeler 9e armée sous les ordres du général Foch. Les transports de troupes sont incessants de la droite vers la gauche pour la formation de cette nouvelle armée et le renforcement de la 6e armée Maunoury. À l’extrême gauche, les divisions de territoriale du général d’Amade couvrent Rouen contre les entreprises de la cavalerie ennemie.

Le 1er septembre, le général Joffre oriente ses commandants d’armée sur ses intentions par une instruction générale. Il constate la nécessité de prendre du champ en pivotant autour de sa droite pour échapper au mouvement débordant qui menace sa gauche et pour regrouper et reconstituer ses forces ; « dès que la 5e armée aura échappé à la menace d’enveloppement, les armées reprendront l’offensive. » Au centre, le mouvement de repli des armées pourra se prolonger jusqu’au Sud de la ligne Bray-Nogent-sur-Seine-Arcis-sur-Aube-Vitry-le-François-Nord de Bar-le-Duc, « sans que cette indication implique que cette limite doive forcément être atteinte. » Les 1re et 2e armées participeront à l’offensive dans la mesure où les circonstances le permettront, de même que les troupes mobiles du camp retranché de Paris.

Le 2, les intentions du généralissime français se confirment