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d’Italie, suivis des ministres, des généraux et de la cour, au milieu des vivats et des applaudissements sans fin de tout un peuple massé sur la place Saint-Marc, montaient l’escalier d’honneur du Palais ducal. Les souverains allaient prendre leur place parmi les milliers d’auditeurs qui se pressaient dans la grande salle du Palais, pour entendre exalter l’homme qui aima tant Venise. Il y avait là des Anglais, des Hongrois, des Allemands, des Italiens, des Américains, des représentants de la presse de tous les pays. La Reine, en robe de velours gris pailleté d’argent, présidait avec une grâce souriante et modeste. Les dames d’honneur, assises autour d’elle, étalaient tout le faste de leurs toilettes et de leurs bijoux héréditaires. Les fresques du Tintoret et de Tiepolo, les lourds caissons dorés des plafonds enveloppaient l’assistance d’un rayonnement de splendeurs et de couleurs sans pareil. C’était le spectacle que Gabriele d’Annunzio a décrit dans des pages immortelles…

Parmi tous ces Italiens et tous ces étrangers, quelqu’un se leva, quelqu’un que les représentants de la Cité Anadyomène avaient choisi comme le plus digne de parler d’Elle-même et du chantre de la Beauté. Ce quelqu’un était un Français, qui discourut sur Venise et sur le grand Anglais, dans la langue du Roman de la Rose, si chère à Dante comme au poète des Laudi : c’était Robert de la Sizeranne.

Fidus.