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et de Liverpool. Après quelques jours de « sensation, » on parla de nouveau d’autre chose. Je voudrais profiter de ce moment de répit, maintenant qu’est tombée l’effervescence des propos de badauds et des commentaires de salles de rédaction, pour tâcher de mettre un peu au point ces nouvelles remarquables, et montrer qu’il y a en elles beaucoup plus de réalité, ou, pour mieux dire, beaucoup plus de possibilités, qu’un scepticisme mal informé ne le pourrait laisser croire.


Tout cela se rattache en vérité à une branche toute nouvelle et bien curieuse de la physiologie : l’étude des glandes à sécrétion interne. Précisément, un éminent physiologiste français, le professeur Gley, du Collège de France, qui fut dans cette voie un remarquable précurseur, vient de faire une lumineuse mise au point de cette partie de la physiologie qui lui doit quelques-uns de ses plus grands progrès[1]. Nous ne saurions trouver de meilleur et de plus sûr guide pour faire une rapide excursion dans ces allées nouvelles et toutes tapissées de fleurs à peine écloses, qui viennent d’être tracées dans le grand jardin obscur et mystérieux de la Science.

Tout le monde sait, — bien que les idées communes ne soient pas toujours précises à cet égard, — ce que sont les glandes. Dans le corps humain, comme dans celui des animaux, certains organes sont formés par des cellules nettement différenciées et spécialisées, qui élaborent aux dépens du sang des produits qu’elles n’utilisent pas elles-mêmes, mais qu’elles rejettent au dehors, soit à la surface de quelque revêtement, épiderme ou muqueuse, soit dans le milieu intérieur. De ces produits, les uns sont directement éliminés de l’organisme (urine, sueur, etc.), les autres agissent dans le tube digestif (bile, suc pancréatique, salive, etc.), d’autres enfin partent dans le sang et deviennent partie constitutive du milieu interne dans lequel baignent les tissus et exercent sur ceux-ci diverses actions (tels sont le liquide thyroïdien, celui des capsules surrénales, etc.).

Ces produits divers des glandes s’appellent des « sécrétions, » ce qui est une bonne dénomination, puisque, au sens étymologique du mot, la cellule glandulaire « choisit » dans le sang qu’elle reçoit et en « sépare » les diverses substances que nous venons de dire.

  1. E. Gley, Physiologie. J.-B. Baillière et fils, 1919. — Ibid. Quatre leçons sur les sécrétions internes, ibid. 1920.