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comment finit la guerre.

pure forme ; la volonté du général von Falkenhayn, qui a choisi tous les chefs de service, continue à présider à tout.

Le commandement austro-hongrois, d’abord un peu rétif au mors trop serré dont le bride le commandement allemand, obéit bientôt docilement, obligé qu’il est de recourir sans cesse à l’aide matérielle du puissant allié. Ainsi il n’existe aucune distinction entre le gouvernement, chargé de la conduite générale de la guerre, et le commandement, qui ordonne directement les opérations ; et le général von Falkenhayn mène la guerre en toute indépendance ; mais il la conduit médiocrement.

Sur le théâtre principal, après une attitude défensive de plus d’une année, qui donne à l’armée anglaise le temps de se créer, de s’organiser et de s’aguerrir, il se décide à l’attaque contre Verdun, qu’il entreprend avec une bonne préparation de détail, mais sur un trop petit front, sans avoir su réunir les effectifs que la riposte des Alliés sur la Somme va l’obliger à improviser. En l’absence d’un génie militaire, il était douteux que les Empires centraux pussent gagner la guerre après la bataille de la Marne ; le temps et la brutalité prussienne devaient accroître sans cesse la force et le nombre de leurs ennemis. En tout cas, il est certain que le commandement de Falkenhayn s’y révélait comme incapable et il est naturel que cette évidence l’ait fait remplacer.

Il a pour successeur les deux dioscures Hindenburg-Ludendorff auxquels incombe une très lourde tâche, car la bataille fait rage sur la Somme et se rallume de temps à autre à Verdun, hors de leur volonté ; l’usure allemande augmente dans les proportions les plus inquiétantes. Mais ils gardent, eux aussi, le commandement unique et suprême sur tous les théâtres de guerre. Les fautes du gouvernement français leur rendent l’initiative des opérations, et ils s’en servent résolument. Par bonheur pour l’Entente, ils ne savent pas profiter de la large percée qu’ils ont faite en mars 1918, et ils donnent le temps à leurs ennemis de se ressaisir.

Dans le camp des Empires centraux, les fautes individuelles annihilent ainsi la supériorité dans l’organisation du commandement. Dans le camp de l’Entente, au contraire, il faut constater que l’unité de commandement, condition indispensable à la victoire, ne s’est imposée qu’après de laborieux tâtonnements. Le général Foch y arrive un moment sur l’Yser, par entente