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sous-marins allemands auraient eu leurs ports au cœur de la Manche… Aurions-nous tenu quatre ans ?

Ainsi, pendant ces premiers jours d’octobre 1914, au milieu de difficultés sans nombre, avec une foi, une initiative, une énergie inlassables, presque sans États-majors et sans services, mais dirigeant quand même des corps d’armée et des divisions admirables, le général de Maud’huy, activement secondé par son chef d’état-major, le lieutenant-colonel des Vallières, a su contribuer pour une grande part à la victoire immense d’aujourd’hui.


I. — LA FORMATION DE LA « SUBDIVISION D’ARMÉE DE MAUD’HUY » (29-30 SEPTEMBRE — 1er OCTOBRE 1914

Après quinze jours d’attente, dans la nuit du 29 au 30 septembre 1914, à minuit, je recevais l’ordre de me mettre à la disposition du général de Maud’huy d’urgence à Clermont (sur Oise).

Le lendemain matin, je rencontrais le capitaine R… qui me dit venir du G. Q. G. et rejoindre en auto avec le lieutenant-colonel D… le général de Maud’huy, non pas à Clermont-sur-Oise, mais à Breteuil.

J’obtins immédiatement du Gouverneur militaire de Paris, un auto, et à 17 heures, laissant mes chevaux et mon ordonnance à la traîne, avec l’espoir qu’ils se débrouilleraient, je roulais sur la route de Breteuil, où, à vingt heures, je trouvais le général de Maud’huy, le lieutenant-colonel des Vallières, chef d’Etat-major, et cinq ou six officiers, à table dans une auberge, au moment où le dîner prenait fin.

C’était là, à peu près en entier, l’Etat-major, premier échelon de la future armée, tel qu’il allait constituer le poste de Commandement du général de Maud’huy pendant les premières journées de la tragique bataille que nous allions vivre ensemble.

— Ah ! un chasseur à pied !

Et tout de suite je me sentis conquis par l’accueil que me firent le général de Maud’huy et le lieutenant-colonel des Vallières.

Ce soir-là ils rayonnaient de joie et d’espoir. Le lieutenant-colonel des Vallières était étincelant d’esprit ; on le sentait vivre