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peut refaire la grandeur politique et économique de l’Allemagne. Mais la Droite ne cache pas son inquiétude. Elle suit les événements du Hanovre et du Rhin. Elle voit la Bavière installer son ambassadeur particulier auprès du Vatican et réclamer une certaine autonomie pour ses chemins de fer. Nul doute que cette inquiétude ait été un des facteurs essentiels de l’agitation réactionnaire qui a précédé le coup d’État.

En matière financière campagne contre la centralisation et le programme d’Erzberger. On défend l’unité à la prussienne et, en même temps, l’autonomie financière des États et des communes. C’est logique. Car on pouvait craindre que le système d’Erzberger n’accentuât le mouvement particulariste. Si le parti populaire n’était pas aussi intransigeant que son allié sur la question de la centralisation, les deux partis de droite s’accordaient à prendre la défense de la propriété privée. « Erzberger, s’écrie-t-on au moment où les grandes banques protestent contre l’impôt sur le capital, Erzberger mène l’Allemagne à sa ruine. Le travail des commissions se substitue à celui de l’Assemblée nationale ; c’en est fait du parlementarisme sain. La tyrannie socialiste broie la classe moyenne. Où l’Allemagne prendra-t-elle l’argent pour payer les Alliés ? Ne devrait-on pas commencer par diminuer les salaires ? » Vers la fin de décembre, le vote de l’impôt sur le capital et l’échec de l’emprunt provoquent de nouvelles attaques. « Nous courons à l’abîme, » dit la Kreuzzeitung du 16 décembre. Au début de février, Hirchfeld tente d’assassiner Erzberger. La droite blâme ce jeune fou et flétrit l’assassinat politique. Mais comment ne pas comprendre, ajoute-t-elle, la douleur de ce jeune homme devant les malheurs de sa patrie ? Laissons vivre Erzberger et tuons-le « moralement. » Qu’Erzberger, à la suite du scandale que l’on sait, démissionne, et ce sera une explosion de joie. « Comment le ministère soutiendrait-il ce brasseur d’affaires politicien, compromis et compromettant, dont les fraudes induiront l’Entente en méfiance et la pousseront à nous demander une indemnité plus forte ? » Et l’on ne manquait pas de dire que la disparition d’Erzberger rapprocherait le Centre de la Droite.

En ce qui concerne les conseils d’entreprise, la Droite mettait en évidence le conflit entre socialistes et démocrates. « Les démocrates, disait-on, seront obligés de faire des concessions aux socialistes pour demeurer au pouvoir. Or, nous savons bien