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LITTÉRATURES ÉTRANGÈÈRES

LES
SOUVENIRS DE MARGOT ASQUITH


THE AUTOBIOGRAPHY OF MARGOT ASQUITH[1]


Au mois de janvier 1888, une petite société était réunie en Écosse pour passer les fêtes du nouvel an, dans le château d’un magnat de l’industrie de Glasgow, autour d’une jeune fille qui était l’âme de la maison. On jouait aux « portraits, » à ce jeu charmant et démodé qui fit les délices de la France au temps de la belle Arthénice. On écrivait fiévreusement dans tous les coins et sur tous les meubles du salon. L’arbitre ramassait les compositions et les lisait tout haut. Restait à deviner les noms des auteurs ; on prenait les voix : cela menait à une discussion générale sur les livres, les gens et les manières d’écrire. Les arbitres s’appelaient Bret Harte et Laurence Oliphant, Arthur Balfour, George Curzon, Lionel Tennyson. Le portrait suivant de la jeune fille fut généralement attribué à l’aimable écrivain Godfrey Webb.


Physiquement, elle était menue, rapide et de gestes secs ; pleine d’énergie, plutôt gracieuse, un peu inquiète. Son visage n’annonçait pas tout l’esprit qu’elle avait, les yeux, quoique beaux et pleins de feu, étant trop rapprochés. Le nez busqué tombait sur une lèvre un peu courte et une bouche médiocre. Le trait saillant était le menton, puissant, osseux, proéminent, et une charmante chevelure opulente et ondée, bien plantée sur

  1. 1 vol. in-16, illustré, Thornton Buttersworth édit. 62, Saint Martin’s Lane, Londres, 1920.