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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/151

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de nuances les origines maçonniques de certains épisodes révolutionnaires.


« Il est infiniment probable, notait-il, que la franc-maçonnerie a servi à la Révolution, non point, à ce que je pense, comme franc-maçonnerie, mais comme association de clubs.

De savoir si les deux loges bourgeoises ont été tâtées par celle de France pour entrer dans la Révolution, c’est une question très délicate, sur laquelle il n’est guère possible de répondre quelque chose de plausible. Je crois cependant pouvoir vous assurer que la masse, le corps des loges, n’ont jamais été tentés : cette démarche aurait été trop imprudente. Quant aux individus, la loge des Sept amis, surtout, en comptait plusieurs de très mauvais [1]. Il est possible que les Français se soient adressés à eux, mais je ne vois pas ce que tout cela aurait de commun avec la franc-maçonnerie en général, qui date de plusieurs siècles, et qui n’a certainement, dans son principe, rien de commun avec la Révolution française. »


III. — EN QUÊTE DE L’AU-DELA : LE VOYAGE DE MAISTRE A LYON

On accusait la maçonnerie de saper les puissances terrestres ; pendant longtemps, Maistre allait le nier, lui qui, dans les loges, n’avait jamais aspiré qu’à mieux connaître les puissances célestes. Parler de cloison étanche entre l’élève des Jésuites et l’adepte de l’association maçonnique, entre le confrère de l’Assomption et le frère de la Sincérité, entre le catholique et le franc-maçon, serait ne point comprendre la conscience de Maistre.

Dans le gros volume de Mélanges B, commencé à Turin le 23 mai 1797, nous ne trouvons pas moins de vingt-cinq pages de citations, parfois accompagnées de brefs commentaires, du traité d’Origène contre Celse ; Maistre conclut, de ce traité, qu’« Origène croyait à la magie en général, c’est-à-dire à la réalité d’une science qui peut mettre l’homme en communication avec des intelligences d’un ordre supérieur, » et qu’Origène « croyait à une magie blanche, en sorte que cette science

  1. Maistre cite nommément, en un autre endroit du mémoire, « un certain Debri, orfèvre, homme fort connu par sa démocratie. « Les recherches de M. Vermale, op. cit., p. 39-41, nous familiarisent avec ce personnage, qui fut, sous le régime jacobin, l’organisateur des fêtes civiques de Chambéry.