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substitué à cette clause un droit de 10 centavos (50 centimes) par quintal de nitrate exporté. Sous cette forme, la loi du 14 février 1878 était contraire au traité de 1874, qui défendait les industries chiliennes contre toute contribution nouvelle.

Sur la protestation du ministre chilien à la Paz, le Gouvernement suspendit d’abord l’effet de la loi, qu’il avait pourtant promulguée, puis, à la fin de 1878, réclama brusquement à la Compagnie 90 000 piastres (450 000 francs) comme montant des droits qu’elle aurait dû payer depuis la promulgation de la loi. Le ton de la controverse entre les deux chancelleries devint de plus en plus violent ; le ministre du Chili à la Paz reçut comme instruction, si la loi était appliquée, de dénoncer le traité de 1874 et de revendiquer tous les droits que le Chili eut tenu du traité de 1886. Le Gouvernement bolivien suspendit toutes les mesures prescrites, mais en prit une autre beaucoup plus grave, en annulant la concession de la Compagnie, titre de propriété qui résultait d’un véritable contrat, et en annonçant la vente publique de toutes les propriétés et du matériel de la compagnie pour le 14 février 1879.

Mais le 14 février 1879, un corps de cinq cents soldats chiliens débarquait à Antofogasta : la guerre commençait entre le Chili et la Bolivie.


Le Pérou, qui semble bien avoir essayé de modérer son allié, proposa alors sa médiation, qui fut acceptée par la Bolivie, « prête à accueillir toute solution de justice. » Il envoya à Santiago un ministre plénipotentiaire chargé de proposer l’évacuation d’Antofogasta par les troupes chiliennes, à condition que la Bolivie annulerait le décret et la loi visant les propriétés chiliennes ; mais ces propositions se heurtèrent à des revendications territoriales sur toute la zone maritime du territoire bolivien. L’appel à l’arbitrage, stipulé dans le traité de 1874, resta sans effet, ainsi que toutes les concessions. Cependant l’opinion chilienne se surexcitait de plus en plus ; le plénipotentiaire péruvien avait été insulté par la foule à son débarquement à Valparaiso ; dans la capitale Santiago, sa légation était l’objet de manifestations violentes* où l’écusson et le pavillon nationaux étaient mis en pièces.

Tant à Santiago qu’à Lima, le Gouvernement chilien demandait des précisions au sujet du traité d’alliance entre la