devant tout le monde l’écharpe que vous avez oubliée chez mon père hier soir, cette nuit.
— Quelle écharpe ?
— Celle-ci. Elle est bien à vous : je le sais. N’y touchez pas.
— Oui, elle est à moi. Mais je l’ai prêtée hier soir à la princesse Olga.
— Personne ne le croira. Personne, entendez-vous. Tout le monde l’a vue sur votre dos. Vous avez trop flirté avec mon père. Tant pis pour vous. Après cela, vous ferez ce que vous voudrez. Et vos parents aussi. P. D). B. I., miss Maud. Mais on vous connaîtra.
Il y eut un nouveau silence, qui se prolongea un peu plus longtemps, puis un éclat de rire un peu affecté.
— Eh bien ! Mlle Nicole, à vous le prix, cette fois encore. J’ai voulu, — comment dites-vous ? — faire marcher votre père. Mais c’est vous qui avez couru.
— Vraiment, miss Maud !
— Oui, vraiment. Je serai franche avec une concurrente telle que vous. Moi aussi, j’ai marché un peu. Avec le flirt, on ne sait jamais. J’ai voulu voir jusqu’où il irait. Il allait très bien. Mais ne vous fâchez pas. Je vous le rends. Vous le gardez trop.
— Moi aussi, miss Maud, je serai franche. J’adore mon père : avec lui, la vie est toujours colorée. Elle est dangereuse aussi. Mais nous l’adorons tous à la maison. Nous l’adorons en tremblant, car nous avons peur.
— Mais non, vous n’avez pas peur. Je l’ai bien vu sur le bob quand vous êtes arrivée après avoir croisé le traîneau.
— Embrassez-moi, Maud, voulez-vous ?
— Oh ! de tout cœur, Nicole... Voici votre père.
M. Deleuze, en effet, les rejoignait à pas lents, un peu gêné de trouver deux femmes quand il n’en cherchait qu’une.
— Je vois avec plaisir, leur dit-il en les abordant avec cette présence d’esprit qui ne l’abandonnait jamais, ni à la Bourse, ni dans le monde, que vous êtes réconciliées.
— Oh ! monsieur Deleuze, expliqua le cyclamen, deux camarades de sports ne se brouillent pas. Nous nous sommes battues l’une contre l’autre, et j’ai toujours été vaincue, je le reconnais.
— Vous avez la défaite généreuse, remercia le lys jaune des Alpes, et rien n’est plus rare.
