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DU SUPERFLU AU NÉCESSAIRE

ACCESSOIRES DE LA TOILETTE
LINGE ET CHAUSSURES

Qu’est-ce que le « nécessaire ? » Presque rien. Et qu’est-ce donc que le « superflu ? » A peu près tout. La définition du dictionnaire, qui appelle nécessaire « tout ce qui est essentiel pour les besoins de la vie, » et superflu « ce qui est au delà du nécessaire » ne signifie économiquement rien du tout ; parce que le dictionnaire ne se charge pas de nous dire « ce qui est essentiel pour les besoins de la vie. »

Au vrai, les besoins de la vie ne varient pas seulement suivant les temps et les lieux, depuis l’homme des cavernes jusqu’à l’homme des bars et depuis le pagne de la négresse jusqu’aux derniers modèles de la rue de la Paix. Ces besoins ne diffèrent pas entre nos concitoyens, suivant ce que certains persistent à appeler les « classes » sociales, en fait, suivant les profits de ces soi-disant classes, puisque la « classe » des travailleurs intellectuels est présentement moins favorisée, pécuniairement, que celle des travailleurs manuels. Parmi ces travailleurs purement manuels, il y a un abîme entre les budgets et par suite entre les besoins, de l’un à l’autre ; souvent l’un gagne en une heure ce que l’autre gagne en une journée et, même avec des salaires identiques, la paye qui fait vivre dans l’aisance le célibataire permet à peine au chef d’une nombreuse famille de donner du pain à tous ses enfants.

Car il est tout à fait faux de dire, comme le croient encore les personnes qui n’ont jamais regardé la vie autour d’elles, que le prix du travail se proportionne toujours aux besoins de