Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 15.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les activités de plus de 200 associations, qui représentent ensemble environ 200 000 agriculteurs (mai 1919 — janvier 1920).

Les premières associations d’industriels remontent à l’époque où fut promulgué en Italie le tarif général (Associazione della Società Anontme, 1887). Toutefois, ces organisations, comme celles que formèrent les grands commerçants, ont gardé longtemps, à la différence des Agrarie un caractère professionnel et presque exclusivement technique. Lorsqu’en septembre 1920, M. Giolitti communiqua aux délégués des associations industrielles les modalités du projet relatif au contrôle des ouvriers sur les usines, les délégués eurent le scrupule de dégager leur responsabilité, mais leur solidarité ne se trouva pas assez forte pour leur permettre de refuser catégoriquement des conditions qu’ils jugeaient inacceptables pour eux-mêmes et désastreuses pour le pays.

Les politiciens d’extrême-gauche, et même quelques autres d’opinions moins avancées, exploitèrent fort habilement contre la bourgeoisie l’opposition d’intérêts qui divise industriels et agrariens et parfois les dresse dangereusement les uns contre les autres. En dehors de toute considération politique ou économique, il est arrivé que des Italiens du Sud missent leur autorité et leur influence au service d’intérêts purement régionaux et s’unissent aux éléments subversifs les plus violents, à seule fin de faire échec aux intérêts légitimes du Nord industriel. Le progrès social se trouve ici étroitement lié au progrès économique : le jour où, à défaut d’identité, une solidarité d’intérêts sera complètement établie entre le Nord et le Midi, l’unité sociale sera bien près de se réaliser entre deux bourgeoisies que séparent encore aujourd’hui d’incontestables différences de tempérament, de mœurs et de culture.

Le mouvement fasciste peut être considéré comme la dernière forme, et la plus violente, de la résistance bourgeoise contre les excès du syndicalisme et la menace du communisme bolchéviste. Il est vrai que M. Mussolini se défend d’être un bourgeois, qu’il accuse la bourgeoisie d’être aussi corrompue que le prolétariat et qu’il lui a promis un traitement rigoureux, presque cruel, pour le jour où lui et ses amis auraient pris le pouvoir. Il n’en reste pas moins que le Fascio, qui est à l’origine une réaction contre l’hégémonie socialiste, trouve dans les