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décharge électrique, et la queue vibre au-dessus du bois horizontal, à deux mètres en l’air ; puis toute la masse retombe lourdement sur le sentier, tandis qu’éclate le joyeux rire du vainqueur. Jamais je n’ai oublié la force, l’adresse et le courage que son beau corps d’airain exprimait par tous ses muscles.

J’aurais voulu visiter aussi l’Institut agronomique où notre compatriote M. Arthaud Berthet a fait progresser toutes les cultures du pays, et surtout celle du café. Mais je dois me borner à venir apporter le salut de la France aux établissements d’enseignement où les religieuses françaises me reçoivent au milieu de leurs élèves. J’aurais voulu aussi visiter Santos, le port de Saint-Paul, où s’embarque la plus grande partie du café brésilien ; il faut me contenter d’une rapide excursion en automobile dans la campagne. Après un grand diner où nous fêtent nos nationaux, nous reprenons pour Rio notre excellent train, ravis de ce trop court voyage.

Cet État de Saint-Paul, qui compte cinq millions d’habitants, est admirablement organisé à tous égards ; il est à l’affût de tous les progrès matériels, intellectuels et moraux, qu’il s’agisse de l’hygiène publique, d’art, de sciences, de pédagogie. Il a une vie particulière très intense et reste résolument loyaliste. Il constitue dans le développement du Brésil une grande force de progrès raisonnable, et c’est un des pays du monde où la France est le mieux aimée et le mieux comprise.


21-25 octobre.

Nous ne revenons à Rio que pour y faire nos adieux. Je vais remercier le Président de la République et les ministres de toutes les attentions dont j’ai été comblé pendant tout mon séjour.

Puis nous sommes reçus à diner par l’ambassadeur d’Angleterre et lady Filley, avec des raffinements de bonne grâce. Comme je m’excuse de ma honteuse ignorance de la langue anglaise : « Mais tout le monde ici parlera français ce soir, » me dit l’ambassadrice en augmentant ma confusion.

Nous visitons Pétropolis, où l’ambassadeur de France est obligé de chercher le gite où il nous reçoit, car son ambassade de Rio menace ruine. Pétropolis est une capitale d’été ; son site élevé lui donne un climat tempéré, et un ensemble de vastes avenues, de palais et d’hôtels lui donne un air de Versailles.