Page:Revue des races latines, volume 36, 1863.djvu/565

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Et cet autre aigle aussi dont la serre enflammée
S’aiguisa tant de fois, de ses ongles armée,
Contre tes oppresseurs, ô ma belle cité !
Toi qui lui fis une aire en tes nobles murailles
Et qui te déchiras, en riant, les entrailles
Pour l’enfanter, — la Liberté !

Aussi, ma Liége à moi, ma Liége aimée et sainte !
Car de tous les lauriers elle a la tête ceinte.
De nos villes son nom efface tous les noms.
Le passant qui l’admire et jamais ne l’oublie,
En a l’âme toujours remplie ;
Et mieux que le passant, nous nous en souvenons !

Mai 1837.


SUR UN ALBUM.


Nitet Latendo.
(Légende d’une médaille russe.)


Souvent, dans l’oasis du grand désert cachée,
Se joue une fontaine, à doux flots épanchée
Sur le sable argenté,
Dont n’approchent, le soir, que les blondes gazelles,
Et que l’oiseau du ciel trouble seul de ses ailes
Quand il a bien chanté.

Elle va soupirant son mol et frais murmure.
Le saule avec amour y baigne sa ramure
Et ses feuilles en pleurs ;
Le beau palmier s’y peint comme une étoile verte,
Et de ses bouquets blancs l’aubépine couverte
Y fait neiger ses fleurs.

Comme, dans l’oasis, se voile de ramée
La source du désert, — votre âme, parfumée
Du nard de la candeur,
Votre âme se dérobe au monde où tout s’altère,
Et vous nous la cachez comme un chaste mystère
De grâce et de pudeur.