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Nécrologie : Henri Vast.


Le probe et laborieux historien qui vient de mourir était depuis longtemps connu et apprécié des lecteurs de cette Revue. Dans les « Causeries » qu’il publiait ici, il suivait attentivement le mouvement des études historiques. Son érudition et sa conscience le gardaient aussi bien de la banalité des éloges que des jugements sommaires ou superficiels et l’on ne pouvait souhaiter un guide plus sûr et mieux informé.

Peu de carrières ont été plus unies et plus droites. Henri Vast entre à l’École normale supérieure en 1867. Elle n’était pas alors la confortable hôtellerie où nul n’était tenu d’habiter pas même le directeur. C’était encore la vie en commun qui, avec plus de liberté, prolongeait la vie du collège. C’est là qu’il rencontra Régis Jalliffier et que naquit cette amitié fraternelle qui devait durer quarante-cinq ans et dont la mort seule put briser les liens.

La guerre le surprend sur les bancs de l’École, et, sans vouloir profiter de la dispense du service militaire, il s’engage avec plusieurs camarades et fait consciencieusement son devoir dans le 7e bataillon des mobiles de la Seine.

Agrégé d’histoire et de géographie, il débute comme professeur suppléant au lycée Condorcet. Il y est bientôt nommé titulaire et il ne quitte sa chaire que pour entrer dans la Commission de Saint-Cyr où il devait rester jusqu’à la retraite.

Son premier livre le signale à l’attention des historiens. Sa thèse de doctorat sur Le Cardinal Bessarion sort du cadre ordinaire des biographies. Ce prélat, en effet, appartient à un double titre à l’histoire générale. Il a vécu sur les confins de deux grandes époques : le monde byzantin qui s’écroule et le monde nouveau qu’annonce la Renaissance. Comme on l’a dit justement, il a