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été « le plus latin des Grecs et le plus grec des Latins ». Il a travaillé à réconcilier l’Église grecque avec l’Église latine et il a cru un moment avoir réussi puisque, en 1639, le Concile de Florence avait mis fin au schisme. En même temps, il appelait à lui les érudits et les savants que l’invasion des Turcs avait fait refluer sur l’Italie et son palais devint à la fois l’asile des lettres antiques et une véritable Académie où furent corrigés les premiers livres imprimés.

Plus tard, Henri Vast devait compléter ce beau travail en nous racontant d’après des documents de premier ordre, Le siège et la prise de Constantinople, date mémorable qui ne marque pas seulement la chute d’un empire, mais l’écroulement de la citadelle avancée que le monde chrétien gardait aux portes de l’Asie. Ainsi se posait pour l’Europe cette question d’Orient qui, depuis tantôt cinq siècles, attend encore aujourd’hui sa solution.

Quand Lavisse et Rambaud entreprirent la publication de leur Histoire générale, Henri Vast fut chargé d’y exposer la diplomatie et les guerres de Louis XIV. Il était admirablement préparé à cette tâche. Familier avec les archives, il connaissait à fond les sources et les documents de première main. Dans la « Collection des textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire », il avait, en trois volumes avec commentaires à l’appui, publié le texte original des grands traités du règne. Il compléta ces travaux par une bien curieuse étude sur Les tentatives de Louis XIV pour arriver à l’Empire. C’est le rêve qui, depuis Philippe le Bel, avait hanté tous nos rois et nos hommes d’État, les uns comme Henri IV et Richelieu, pour démembrer cet empire, les autres pour s’y installer. À trois reprises, en effet, Louis XIV essaya d’obtenir à prix d’or des électeurs le rang suprême qu’avait occupé Charles Quint.

Estimé par ces travaux dans le monde des savants, le nom de Vast devint populaire dans le monde des écoles quand parurent ces « Précis d’histoire » qu’il écrivit en collaboration avec son frère intellectuel, Régis Jalliffier. Collaboration heureuse et féconde, s’il en fut, car les qualités de l’un et de l’autre se complétaient, se fondaient harmonieusement pour donner à ces livres classiques, sur la base d’une documentation impeccable, tout l’attrait d’une forme séduisante, alerte et pittoresque.