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REVUE PÉDAGOGIQUE.

de l’autre, celui de la population augmente. En estimant à 77 millions la population répartie dans les dix cercles. académiques de l’empire, on trouve qu’il y a une école pour 3,216 habitants, et un élève sur 86. En admettant que les enfants de 7 à 14 ans constituent 15 % de la population totale, ils devraient fournir 11,550,000 élèves ; c’est-à-dire douze fois plus d’élèves qu’il n’y en à actuellement dans les écoles. Or, pour le moment, il y a à l’école un garçon sur 7, une fille sur 35.

II

Le Ministre ne se dissimule pas l’indifférence du paysan russe vis-à-vis de l’école. Avec une louable franchise, il n’hésite pas à reconnaître que beaucoup d’écoles ne répondent pas encore à leur but : il n’entre pas dans des détails qui seraient assez affligeants. La Russie est immense et dans certaines provinces éloignées le contrôle de l’école et de l’instituteur ne s’exerce qu’avec de grandes difficultés. M. Hippeau qui n’a eu sous la main que les documents officiels n’a pu signaler ces misères ; le respect de la vérité nous fait un devoir d’en dire quelques mots à nos lecteurs. Croyez-vous, par exemple, que les écoles du gouvernement de Viatka soient aussi bien organisées que celles de Saint-Pétersbourg ou de Moscou ? Non, assurément ; mais songez que ce gouvernement de Viatka occupe une étendue de 135,000 verstes carrées, c’est-à-dire autant d’espace que les royaumes de Belgique, de Hollande et de Grèce réunis, que la population en est de 2,500,000 âmes, c’est-à-dire qu’elle est quatre ou cinq fois moins dense que celles de ces États, que les moyens de communications sont rares et souvent difficiles. Faut-il s’étonner que dans ces