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REVUE PÉDAGOGIQUE.

principales de l’homme…et particulièrement les ouvrages de tout genre qui serviront le mieux la morale… » Ce projet ne fut pas mis à exécution et la tâche d’organiser l’enseignement primaire échut à la Convention.

L’activité pédagogique n’a pas manqué à la Convention : treize décrets en moins de trois ans, du 12 décembre 1792 au 25 octobre 1795, en sont la preuve. Tout n’était pas viable dans cette œuvre, ou plutôt dans ces vues ; ce qui a survécu, ce qui méritait de survivre, dégagé de la passion du temps, c’est le fonds même de notre instruction primaire ; c’est la maxime, devenue maxime d’État, que l’éducation nationale est l’une des conditions vitales des sociétés et par conséquent l’un des devoirs essentiels des gouvernements ; c’est la conception vraie de l’importance sociale de l’école ; c’est l’application à l’enseignement primaire des doctrines sur l’éducation qui s’étaient fait jour depuis le xvie siècle dans une sphère plus exclusive. L’œuvre de la Révolution française s’est donc accomplie dans d’ordre des idées plutôt que dans l’ordre des faits, et les idées comme les fruits ont besoin du temps pour mûrir. À ne voir que les résultats matériels, on jugerait que la période révolutionnaire a été peu favorable au progrès de l’instruction ; les écoles qui existaient avant 1789, troublées ou supprimées brusquement, ne furent pas remplacées du jour au lendemain, et le niveau de l’instruction baissa momentanément, plutôt qu’il ne s’éleva, dans les dernières années du xviiie siècle et dans les premières du xixe.

Lorsque l’Université fut créée, elle fut heureuse de trouver l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes pour ses premières écoles primaires ; mais pendant longtemps encore cet ordre d’enseignement fut entre leurs mains, et quoiqu’ils fussent en possession du mode d’enseignement simultané,