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LA PÉDAGOGIE FRANÇAISE.

la pédagogie resta stationnaire, tandis qu’elle prenait à l’étranger un essor remarquable. Durant le premier tiers de ce siècle, les programmes de nos écoles ne comprenaient que les notions les plus indispensables des connaissances élémentaires ; le mode individuel était encore en honneur parmi les « quatre cinquièmes » des maîtres : l’autorité lui faisait la guerre sans oser le proscrire. Une curieuse circulaire de M. de Vatisnesnil, du 31 janvier 1829, porte que les récompenses ne seront accordées aux anciens instituteurs, et l’exemption du service militaire aux nouveaux, qu’autant qu’ils appliqueront le mode mutuel ou au moins le mode simultané. Il fallait une révolution pour abolir officiellement la routine : le mode individuel fut interdit par M. Mérilhou, à la date du 13 décembre 1830, — ce qui ne veut pas dire qu’il disparut sur l’heure.

Pendant ce temps, la Suisse avait su inaugurer, dans l’établissement de Berthoud et à l’Institut d’Yverdon, dans les écoles de Fribourg et de Lucerne, de fécondes expériences pédagogiques ; Fichte avait convié l’Allemagne à se régénérer par l’éducation et préparé les voies aux disciples de Pestalozzi ; Lancastre avait donné à l’Angleterre la méthode qui porte son nom ; Jacotot allait appliquer la sienne en Belgique. Je ne dis rien de l’Amérique, où le précepte : « Instruisez le peuple », qui avait été le premier mot du fondateur de l’État de Pensylvanie, William Penn, en 1681, et le dernier mot du fondateur des États-Unis, Washington, n’a cessé d’être mis en pratique dans toutes les parties de l’Union américaine. Nous semblions avoir oublié ou ne vouloir pas nous souvenir des leçons de nos grands éducateurs : sommeil apparent. La loi de 1833 devint le point de départ d’une ère nouvelle, non qu’elle ait réalisé tous les désidérata, mais parce qu’elle a la première fait de l’instituteur