Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1878.djvu/134

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un fonctionnaire publie, un membre de l’Université, et la première aussi, imprimé à l’enseignement primaire une véritable direction pédagogique. Avant elle, il y avait en France des écoles et des maîtres d’école : ces maîtres étaient-ils des « pédagogues», dans l’originelle et respectable acception de ce mot ? La pédagogie elle-même existait-elle, du moins comme science ou comme art, dans l’école primaire ?

Les circulaires de M. Guizot aux instituteurs, aux directeurs d’écoles normales, aux inspecteurs primaires, aux recteurs, sur l’application de la loi du 28 juin 1833 ; plus tard celles de M. Fortoul, de M. Rouland, de M. Duruy, de M. Jules Simon, sur le régime des écoles primaires et des salles d’asile, constituent, pour nous en tenir aux instructions ministérielles, un ensemble de documents authentiques dont la pédagogie française peut à juste titre se faire honneur, et dont par une modestie singulière elle semble ne pas apprécier suffisamment l’importance.

Et d’abord, le rôle de l’instituteur n’a jamais été mieux compris et plus exactement marqué que par M. Guizot : « Bien que la carrière de l’instituteur primaire soit sans éclat, bien que ses soins et ses jours doivent le plus souvent se consumer dans l’enceinte d’une commune, ses travaux intéressent la société tout entière, et sa profession participe de l’importance des fonctions publiques. Ce n’est pas pour la commune seulement et dans un intérêt purement local que la loi veut que tous les Français acquièrent, s’il est possible, les connaissances indispensables à la vie sociale, et sans lesquelles l’intelligence languit et quelquefois s’abrutit : c’est aussi pour l’État lui-même et dans l’intérêt public ; c’est parce que la liberté n’est assurée et régulière que chez un peuple assez éclairé pour écouter en toute circonstance la voix de la raison. L’instruction primaire universelle est