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REVUE PÉDAGOGIQUE.

elle-même qui, à cette époque, n’avait pas encore condensé dans un volume général la volumineuse collection de ses publications locales[1]. Je suis convaincu que les rapports que les délégués français envoyés par le ministère de l’instruction publique à Philadelphie en 1876, et particulièrement ceux de M. Buisson, chef de la mission[2] et de M. Berger, inspecteur primaire de la Ville de Paris, auront aussi le double avantage d’être utilement consultés et par nos concitoyens qu’ils éclaireront sur la valeur des méthodes américaines, et par les Américains qui apprendront à mieux se connaître en voyant leur portrait tracé par une main étrangère.

Les peuples se rendent un service réciproque en se jugeant les uns les autres. Mais, pour qu’il y ait réellement service, il faut que la critique soit sincère, sans parti pris de dénigrement ou de flatterie. Les écrivains français n’en ont pas toujours usé ainsi, lorsqu’ils ont parlé de la civilisation américaine ; ils l’ont trop souvent considérée moins en elle-même et pour elle-même que comme un type idéal de la démocratie, de la république, de l’autonomie communale et de la liberté religieuse, et, suivant leur sentiment favorable ou contraire à ces principes, ils l’ont dépeinte ou comme un modèle presque parfait ou comme une sentine de corruption.

Les États-Unis ne sont ni l’un ni l’autre. Ils constituent

  1. Dans son rapport pour l’année 1873, M. J. Eaton, commissaire de l’éducation, s’exprime en ces termes à ce sujet : « Yet, in 1870, when engaged on my first report, I was told by persons of great intelligence that they considered the reports of Dr Fraser and M. Hippeau the best to be found on the subject of American education. »
  2. M. Buisson a déjà publié : Devoirs d’écoliers américains, recueillis à l’Exposition de Philadelphie (1876), par F. Buisson, et traduits par A. Legrand, 1 vol.