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REVUE PÉDAGOGIQUE.

Après la chute du roi Guillaume et l’érection des provinces belges en État indépendant, on se défait de l’autorité : et on s’en remit exclusivement à la liberté seule du soin de façonner les générations ; mais les efforts de la liberté furent ou impuissants ou mal dirigés et insuffisants. De 1830 à 1842, il s’écoula donc une période de douze années d’anarchie, d’indifférence et de tâtonnements.

Le gouvernement cependant n’avait jamais cessé de se préoccuper de cette question.

Dès le mois de juillet 1831, M. Philippe Lesbroussart, administrateur général de l’instruction publique, avait préparé un projet comprenant les trois degrés de l’enseignement. Après diverses vicissitudes, ce projet fut envoyé à la Chambre des représentants, le 31 juillet 1834. Le titre concernant l’instruction supérieure fut voté séparément en 1835, mais un changement de cabinet fit retarder le vote des titres relatifs aux enseignements moyen et primaire.

Le clergé, du reste, déjà fort puissant en Belgique à cette époque, était peu favorable au projet.

La décadence de l’enseignement s’accentua pourtant d’une façon si visible que la question s’imposa péremptoirement et qu’il devint impossible au gouvernement, sous peine de faillir à sa mission, d’en retarder la solution.

Le projet de 1834 fut donc repris, modifié et, enfin, présenté aux Chambres.

Pour arriver à la solution désirée il fallait tenir compte d’éléments assez complexes, concilier des idées parfois opposées, ne pas perdre de vue que si le monopole de l’enseignement aux mains de l’État était antipathique à nos mœurs et à nos convictions, d’un autre côté, l’expérience de la liberté laissée à ses propres farces n’avait pas été précisément heureuse ; en un mot, rendre le projet acceptable,