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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN BELGIQUE.

Pour en apprécier le caractère véritable et la portée, il faut se reporter à quelques années en arrière et jeter un regard sur ce qui, sous ce rapport, s’était fait antérieurement dans ce pays.

L’Empire s’était peu occupé de l’enseignement primaire ; les écoles existaient bien, mais sans maîtres ou, au moins, sans maîtres de valeur. Aucune direction n’était imprimée ni sous le rapport des livres ni sous celui des méthodes.

À l’avénement du régime hollandais, cette situation changea. La loi du 3 avril 1806, qui avait reconstitué les institutions scolaires en Hollande, fut étendue, dès 1814, aux provinces méridionales des Pays-Bas. Bientôt après, la loi fondamentale de 1815 remit toute l’instruction publique aux mains de l’État.

Dans cet ordre de choses, aucune part n’était faite à la liberté, pas plus pour l’enseignement supérieur ou moyen que pour l’enseignement primaire.

Aussi les défiances du clergé catholique ne tardèrent-elles pas à s’éveiller et à s’accentuer. Une union se forma entre catholiques et libéraux pour obtenir le redressement des griefs, dont ceux relatifs au monopole de l’instruction n’étaient pas les moindres, et la révolution de 1830 brisa ce faisceau de provinces, peu faites pour s’entendre, divisées par la langue, les mœurs, les aptitudes, la religion, que le Congrès de Vienne avait groupées sous le nom de royaume des Pays-Bas.

Et cependant ce régime imposé par le roi Guillaume avait été fécond, puisque, en un peu plus de dix ans, il avait été construit et réparé 1,146 locaux d’école et 668 habitations d’instituteurs ; 2,145 brevets de capacité avaient été délivrés à des instituteurs et à des institutrices, et la population des écoles primaires s’était accrue de près de cent mille enfants.